Salaires : bavardage social contre lutte de classe18/10/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/10/2881.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Salaires : bavardage social contre lutte de classe

Sans surprise, la Conférence sociale sur les bas salaires du 16 octobre a accouché d’une souris. La Première ministre, Élisabeth Borne, a annoncé la création d’un Haut conseil des rémunérations, qui fournira des statistiques... et peut-être quelques sièges à des représentants syndicaux.

Promise par Macron aux chefs des partis de gauche après leur nuit commune à Saint-Denis, fin août, cette conférence avait pour objectif de montrer aux responsables syndicaux qu’ils étaient pris en considération. Et ces derniers n’ont pas boudé leur plaisir. « Enfin ! enfin on parle salaire dans un cadre tripartite », s’est ainsi exclamée Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT. Mais « Paroles, paroles... » serait le plus juste résumé de cette conférence.

Les chefs syndicaux ont certes décrit la situation : un nombre de plus en plus grand de travailleurs n’arrivent pas à vivre avec leur salaire ; il y a neuf millions de pauvres dans le pays ; dans la plupart des branches d’activité, les salaires minimaux sont inférieurs au smic qui augmente légèrement alors que les grilles salariales sont gelées ; les femmes gagnent 25 % de moins que les hommes à qualification équivalente. Ils ont constaté que les profits patronaux, eux, s’envolent, avec des marges « jusqu’à 48 % dans l’agro-alimentaire ». Ils ont dénoncé les exonérations, aides, subventions versées par l’État au patronat sans contrôle ni contrepartie. Et ils ont fait des propositions : augmenter le smic, indexer les salaires sur les prix et supprimer les exonérations aux patrons qui ne respectent pas la loi, en particulier sur les minima salariaux en dessous du smic.

Tout cela, la CGT, comme les autres, l’attend « d’un comité national d’évaluation des aides publiques ». Elle demande aussi que soit « renforcée la négociation collective affaiblie par les ordonnances Travail ». Voilà qui doit faire trembler le patronat ! Dans toutes les entreprises de plus de 50 salariés, des négociations annuelles sur les salaires sont obligatoires, avec le résultat que les travailleurs constatent chaque mois sur leur fiche de paie et leur compte en banque.

Les augmentations de salaire ont toujours été le résultat d’un rapport de force entre les travailleurs et les employeurs. Celui-ci dépend de la conjoncture économique, du taux de chômage, de la disponibilité de la main-d’œuvre dans tel ou tel secteur, et plus encore de la capacité d’organisation des travailleurs.

Dans cette période où les capitalistes se livrent entre eux une guerre économique acharnée pour prélever la plus grande part des profits, et où cette rivalité fait monter tous les prix, les travailleurs doivent se préparer à lutter pour arracher les augmentations de salaire vitales et leur indexation sur les prix. Au contraire, les dirigeants syndicaux les désarment en vantant le dialogue social et en frétillant quand ils sont invités à une conférence tripartite.

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