À l’usine Safran de Villaroche, c’est lors d’entretiens individuels que des centaines de salariés apprennent comment leur salaire sera déterminé à l’avenir, suite à la mise en application locale de la nouvelle convention collective. La colère aura pu s’exprimer lors de l’heure d’information syndicale prévue pour mercredi 18 octobre.

Jusqu’à aujourd’hui, la qualification nécessaire à l’embauche sur un poste déterminait le salaire de départ. Le principe était que, quels que soient les changements dans les postes de travail, le coefficient reçu au départ ne pouvait pas baisser.

Tout est remis en cause avec la nouvelle convention collective. C’est la qualification du poste, décidée par le patron, cela va de soi, qui déterminera le salaire. Le patron peut même se permettre de changer la qualification d’un même poste et donc de la baisser sous prétexte qu’un changement technique s’y produit.

La direction affirme que, pour ceux qui sont déjà embauchés, aucun salaire ne diminuera pour le moment, montrant qu’elle se réserve le droit de les faire baisser plus tard. Mais, pour beaucoup, cette nouvelle convention signifie aussi une baisse de la prime d’ancienneté et la baisse de plusieurs autres primes. Et pour les nouveaux embauchés, une qualification du poste revue à la baisse impliquera clairement un salaire de départ plus bas qu’autrefois, pour le même travail.

Les entretiens ont commencé depuis une semaine. Dans le secteur ouvrier et technicien, les salariés apprennent souvent avec stupéfaction la nouvelle qualification de leur poste de travail. Beaucoup se retrouvent dans une grille salariale plus basse qu’avec l’ancien système, c’est une vraie douche froide. Les travailleurs sortent du bureau avec un sentiment d’humiliation et de colère. C’est de plus l’occasion pour la direction de tenter de jouer la division en attribuant des qualifications à la tête du client et en créant des écarts entre salariés.

Dans deux secteurs au moins, des travailleurs ont montré leur opposition. À l’Instrumentation par exemple, une trentaine d’entre eux ont comparé les qualifications que la direction leur a attribuées et ils ont décidé d’aller tous ensemble demander des comptes aux chefs, incapables de répondre aux questions qui ont fusé. Au secteur Militaire, d’autres ont dit qu’ils voulaient aller ensemble aux entretiens. On voit partout des salariés qui font leurs comptes, calculette à la main.

Beaucoup comprennent que cette nouvelle convention, même si on ne peut pas prévoir encore comment elle se traduira exactement pour chacun, est un outil du patronat pour au final faire baisser la masse salariale. Voilà pourquoi la participation des travailleurs à l’heure d’information syndicale du mercredi s’annonçait massive.