L’occasion d’une mise en condition11/10/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/10/2880.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

guerre au moyen-orient

L’occasion d’une mise en condition

Dès l’annonce de l’attaque du Hamas sur le territoire israélien, les dirigeants des grandes puissances, de Biden à Macron, suivis en France de la majorité des responsables politiques et des journalistes, ont fait bloc derrière le gouvernement israélien.

Alors qu’avec Netanyahou les relations étaient plutôt froides, Biden a immédiatement apporté son « soutien inébranlable » à Israël, son plus fidèle gendarme au Moyen-Orient. Nombre de dirigeants politiques français, LR, PS, EELV, plusieurs ministres ou encore la présidente de l’Assemblée nationale, ont participé à la manifestation organisée le 9 octobre par le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), en « solidarité avec Israël contre le terrorisme ». Au même moment, plusieurs préfets interdisaient des manifestations de soutien à la population palestinienne.

Quant aux chaînes de télévision, qui ignorent toute l’année le sort des Palestiniens enfermés dans la prison à ciel ouvert qu’est Gaza ou expulsés de leurs terres ou de leurs maisons en Cisjordanie, elles ont abondamment rapporté les témoignages, forcément bouleversants, d’habitants israéliens victimes de l’assaut meurtrier du Hamas.

Les événements sont dramatiques, tant pour la population israélienne que pour la population gazaouie qui en subit les conséquences. Mais, pour tous ces dirigeants politiques, journalistes et autres experts autoproclamés, l’affaire est simple : puisque le Hamas a attaqué, en tuant des civils et en prenant des otages, il s’agit d’une attaque terroriste qu’il faut punir. Que la punition « terrible » annoncée par Netanyahou soit subie par la population de Gaza, enfermée, prise sous un déluge de bombes, privée d’eau, d’électricité, de nourriture, n’a pour eux aucune importance. De son côté, l’Union européenne, après d’autres pays, a immédiatement annoncé la suspension, puis seulement la « révision » des aides versées aux Territoires palestiniens.

Comme lors de l’invasion de l’Ukraine par l’armée de Poutine, comme lors des attentats de 2015 à Paris, les populations sont ainsi sommées de serrer les rangs derrière un prétendu camp des démocraties, aujourd’hui incarné par Israël, qui en tant que démocratie – mais pour qui ?– serait menacé par un camp des terroristes.

Tous ceux qui osent rappeler les responsabilités écrasantes des dirigeants israéliens, ceux d’hier et ceux d’aujourd’hui, dans l’oppression des Palestiniens et l’engrenage qui a conduit à cette nouvelle guerre sont mis en accusation, assimilés à des antisémites ou à des apologistes du terrorisme. En France comme dans les autres pays occidentaux, les gouvernements et leurs soutiens saisissent ainsi l’occasion offerte par l’attaque du Hamas pour appeler à une sorte d’unité politique derrière eux, leurs généraux et leurs armées, au nom de « valeurs » qui sont en fait celles du maintien de leur domination sur le monde. C’est une intimidation à laquelle il ne faut pas céder.

La solidarité avec le peuple palestinien opprimé, l’hostilité aux méfaits de l’impérialisme ne peuvent pas non plus amener à approuver l’attaque menée par le Hamas avec ses méthodes et à voir dans cette organisation et son action les vengeurs du peuple palestinien. Sa politique n’est que l’autre face du piège dans lequel sont enfermés les deux peuples. Le seul camp qu’il faut défendre est celui des travailleurs et de leurs intérêts communs par-delà les frontières, avec l’idée qu’ils ne pourront compter que sur eux-mêmes pour s’émanciper. C’est le seul qui peut offrir une issue.

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