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Dans les entreprises
Automobile : de l’électricité dans l’air
Sans doute à la grande satisfaction des dirigeants de Stellantis, de Renault et de Volkswagen, qui en étaient demandeurs, la Commission européenne a lancé, le 4 octobre, une enquête anti-subventions contre les constructeurs automobiles chinois.
Cette enquête, qui durera quelques mois, doit prouver que les constructeurs chinois sont subventionnés « illégalement », ce qui permettra à la Commission européenne de relever les taxes sur les véhicules importés. La référence est les États-Unis, où les voitures électriques importées de Chine sont taxées à 27,5 %, contre 10 % actuellement en Europe. Des dizaines de milliards sont en jeu. Alors que les constructeurs européens réorientent leur appareil de production vers les véhicules électriques, en supprimant des dizaines de milliers d’emplois au passage, les véhicules chinois représentent pour leurs profits une menace intolérable. En Chine, BYD, à l’origine spécialisé dans la production de batteries, vient de déloger Volkswagen de la première place des ventes. BYD a écoulé près de 2 millions de voitures électrifiées l’an dernier, dont la moitié 100 % électriques, et compte dépasser Tesla. Et, selon une enquête de la banque UBS, ces véhicules seraient 25 % moins chers que les véhicules européens. UBS prévoit dans ces conditions un « tremblement de terre » à l’horizon 2030, les constructeurs chinois raflant 20 % de parts de marché en Europe, contre 3 % aujourd’hui.
Pour protéger ses capitalistes, le gouvernement français a déjà pris une initiative, en cherchant à exclure les voitures made in China du bonus écologique de 5 000 euros pour l’achat d’une voiture électrique à partir de 2024. Au niveau européen, les constructeurs cherchent à obtenir un relèvement des tarifs douaniers. La Commission européenne affirme détenir d’ores et déjà des preuves attestant que les fabricants chinois bénéficient de subventions dites illégales. Comme si les fabricants européens ne bénéficiaient pas aussi de subventions par de multiples canaux : la mise en place du réseau de bornes de recharge électrique, les aides à l’achat de véhicules électriques et autres bonus écologiques, les subventions aux entreprises, comme le Crédit impôt recherche en France. En matière de subventions, tous les États procèdent de la même manière : les milliards coulent à flots pour les entreprises et la note est présentée aux populations, en rognant sur les hôpitaux, les écoles, les retraites.
Les mesures vers lesquelles s’oriente la Commission européenne vont, à la suite de celles prises aux États-Unis, dans le sens d’une montée du protectionnisme. Elles sont le reflet d’une guerre économique de plus en plus vive. Le journal Les Echos, annonçant le 9 octobre, non pas la reconversion du site Ford Sarrelouis en Allemagne, mais sa fermeture, titrait qui « Les surcapacités industrielles menacent en Europe ». En réalité, entre les États-Unis, l’Europe et la Chine, ces surcapacités semblent menacer toute la planète, au point que tous cherchent à « manger dans la gamelle du voisin », selon le mot de Tavares, PDG de Stellantis, en 2020.
Le protectionnisme ne protège que les profits des capitalistes, pas les travailleurs. Pour conserver leurs profits au plus haut, les trusts aggravent l’exploitation, licencient, bloquent les salaires. Ils mettent aussi chacun à contribution leur propre État, pour qu’il protège leur marché de la concurrence.