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Leur société
Harcèlement scolaire : une arrestation pour faire sensation
Lundi 18 septembre, un collégien de 14 ans a été arrêté en plein cours dans un établissement d’Alfortville, dans le Val-de-Marne. Menotté devant ses camarades, il a passé 24 heures en garde à vue. Il avait menacé de mort une lycéenne de 15 ans sur Instagram, et les parents de la jeune fille avaient porté plainte le matin même.
Cette arrestation fait suite à la révélation par la presse du courrier menaçant adressé par le rectorat de Versailles à la famille du jeune lycéen qui s’est finalement suicidé, après des mois de harcèlement. Pour masquer son impuissance, le rectorat s’en était pris aux victimes en reprochant par lettre aux parents leurs critiques envers l’établissement, dans lequel leur enfant ne recevait aucun soutien. Devant le scandale, l’ex-rectrice s’est défaussée, disant qu’elle n’avait pas été informée de cette lettre.
Force est de constater que, dans ce nouveau cas, l’État passe d’un extrême à l’autre. Le harcèlement auquel s’est livré ce jeune de 14 ans mérite bien sûr une sanction éducative et une intervention de la direction de son établissement, mais certainement pas d’être arrêté en pleine classe. D’autant qu’il est lui-même fragile, élevé par son grand-père après le décès de son père, et en échec scolaire.
Le harcèlement d’adolescents par d’autres adolescents relève de la vigilance des adultes, d’efforts pédagogiques et psychologiques pour faire comprendre à ces jeunes les enjeux de leurs attitudes. Et il faut tout faire pour leur permettre d’échapper à la violence que la société elle-même leur apprend à utiliser envers les autres.
Gabriel Attal, le ministre de l’Éducation nationale, s’est pourtant empressé de justifier ce déploiement de forces, cinq policiers pour un jeune, et la promptitude de la réponse. Selon lui, il faut « des messages forts » et il insiste : « C’est comme ça qu’on s’en sortira face au fléau du harcèlement, c’est comme ça qu’on protégera aussi nos enfants. »
Il y a là du mauvais spectacle destiné à masquer l’incurie du gouvernement, dans ce domaine comme dans d’autres. Depuis le premier quinquennat de Macron, le gouvernement a à son actif près de 9 500 suppressions de postes d’enseignants. Cette politique a contribué à vider les établissements des adultes pouvant éduquer la jeunesse et veiller aux plus fragiles. À cela s’ajoute l’absence d’assistantes sociales, d’infirmières, de médecins scolaires, de psychologues de l’Éducation nationale, toutes personnes susceptibles de percevoir les angoisses des jeunes harcelés et de ne pas laisser les enseignants seuls face aux appels au secours.
Gabriel Attal ne prévoit aucunement d’embaucher. Son attitude montre comment les plus haut gradés dans la hiérarchie savent se décharger de leurs responsabilités et faire porter le chapeau aux autres. L’inverse de ce qu’il faudrait inculquer aux jeunes pour combattre le harcèlement.