Nos lecteurs écrivent Les urnes à l’ambassade06/09/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/09/2875.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Nos lecteurs écrivent Les urnes à l’ambassade

Je suis Gabonais, vivant en Île-de-France, et je veux raconter comment se sont passées les élections présidentielles à Paris.

Le 26 août, nous étions donc conviés aux urnes pour les élections. À la surprise générale, la veille du scrutin, l’ambassade du Gabon informait les 1 500 Gabonais du nord de la France qu’ils devraient voter dans les mairies françaises des 6e et 16e arrondissement de Paris, à la place des locaux habituels de l’ambassade du Gabon. Les électeurs de Nantes, Rennes, Lille, Strasbourg devaient aussi venir voter à Paris.

L’organisation était catastrophique, comme s’il fallait décourager les votants. Par exemple, plusieurs personnes racontaient qu’après trois heures d’attente elles découvraient que, contrairement à ce qui était prévu, elles devaient aller voter dans l’autre bureau de vote et aller du 16e au 6e ou l’inverse. De plus, nous avons appris dans la journée que le dépouillement se ferait à l’ambassade, alors que le Code électoral stipule qu’il doit se faire dans le bureau de vote. Heureusement, la foule et les opposants ont contesté cette décision et les organisateurs ont cédé à la pression. Mais ce n’était pas fini.

Dès 14 heures, une compagnie de près de 30 motards de la Brav-M était présente autour de la mairie. Vers 18 heures, à la mairie du 16e, la police a commencé à nous repousser violemment. Elle nous coinçait sur le terre-plein et le trottoir en face de la mairie. Nous apprenions alors par la bouche d’un policier qu’ils avaient reçu des instructions fermes : nous empêcher d’entraver le transfert des urnes vers l’ambassade.

La colère a éclaté et nous avons réussi à empêcher la sortie des urnes et le dépouillement s’est finalement fait sur place. Certains d’entre nous étaient même juchés sur les fenêtres et filmaient la scène pour contrôler les opérations. Le résultat, dans le bureau où j’étais, a donné 11 % pour Bongo et 87 % au candidat de l’opposition. Pas tout à fait ce qu’espérait l’ambassade…

Le déroulement de ces élections à Paris a illustré la complicité de l’État français avec un régime dictatorial.

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