Niger : les coups de menton de Macron30/08/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/09/2874.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Niger : les coups de menton de Macron

Après avoir demandé le départ des 1 500 soldats français stationnés au Niger avant le 1er septembre, les généraux putschistes ont exigé celui de l’ambassadeur français. En réponse, Macron fait le fier à bras : « Les putschistes n’ont pas autorité, malgré les pressions notre ambassadeur restera ! »

Il faut une sacrée dose de cynisme au chef de l’impérialisme français pour invoquer la légalité et la démocratie afin de justifier le maintien au Niger de ses troupes et de ses diplomates. Au Sahel ou en Afrique de l’Ouest, la seule légalité que reconnaît le gouvernement français, c’est le degré de soutien à ses intérêts. Ainsi, au Tchad voisin, en 2021, Macron avait adoubé sans délai le coup d’État de Mahamat Deby pour succéder à son dictateur de père, qualifié alors de « cher Président, cher Maréchal ». Du Tchad au Gabon en passant par le Cameroun, les présidents à vie et les galonnés couverts de sang ont toujours été de grands amis de l’impérialisme français.

Mais justement, au Niger, après le Mali et le Burkina Faso, les putschistes ont fait le choix de s’appuyer sur les sentiments antifrançais d’une partie de la population pour asseoir leur pouvoir. Des décennies de pillage et d’occupations militaires payées par les populations ont nourri cette haine que les militaires putschistes, formés en France ou aux États-Unis, aussi corrompus que ceux qu’ils ont chassés, tentent d’exploiter.

Les putschistes utilisent aussi les rivalités entre les puissances occidentales et entre les Occidentaux et leurs rivaux russes ou chinois. La guerre en Ukraine et la mise en place d’un vaste système d’alliance pour isoler la Russie ou la Chine exacerbent ces rivalités. Pour mieux justifier la préparation d’une intervention militaire des pays de la Cedeao, les politiciens français prétendent, sans fondement, voir la main de Poutine dans le coup d’État au Niger. Ils poussent chacun des pays voisins à choisir son camp. De leurs côtés, en laissant leurs partisans agiter des drapeaux russes dans les rues de Niamey, les putschistes brandissent la menace de faire appel aux mercenaires russes de Wagner comme au Mali ou au Burkina.

Mais ce qui suscite, pour reprendre la formule du Monde, « une certaine amertume » chez Macron, représentant d’une puissance de seconde zone, c’est que ses alliés européens ou américains ne le suivent pas. Sans surprise, ils défendent les intérêts de leurs propres capitalistes avec chacun leurs propres tactiques pour accéder aux richesses du Sahel. Ainsi, les dirigeants européens, à commencer par l’Allemagne, ne se précipitent pas pour financer une éventuelle intervention militaire de la Cedeao, à laquelle ils n’ont rien à gagner. Quant aux États-Unis, qui possèdent deux bases militaires au Niger, leur domination s’appuie sur leur puissance économique et le rôle du dollar autant que sur les liens établis avec tel ou tel régime. Ils peuvent s’entendre aussi bien avec les putschistes qu’avec le président Bazoum renversé.

Pendant que les puissances impérialistes observent leur proie en se surveillant mutuellement, pendant que les putschistes cherchent une voie de sortie, les classes populaires du Niger subissent les effets du blocus et des sanctions. Elles n’ont que des coups à attendre des uns et des autres.

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