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Ukraine : Un conflit qui n’en finit pas
Le 13 août, le chancelier allemand Olaf Scholz, faisant le point pour la chaîne de télévision ZDF sur la conférence internationale de Djeddah consacrée à la guerre en Ukraine, en a appelé à la diplomatie pour y mettre un terme.
Soulignant que l’Allemagne est, après les États-Unis, le principal fournisseur d’armes à l’Ukraine, il est resté évasif sur les missiles longue portée Taurus qu’elle lui réclame. « Comme par le passé, a-t-il dit, nous examinerons toujours très attentivement chaque décision, ce qui est possible, ce qui a du sens, quelle peut être notre contribution. » En clair, l’Allemagne veut bien, comme les autres grandes puissances, que l’Ukraine sacrifie des centaines de milliers d’hommes dans cette guerre que l’Occident mène par procuration avec la Russie, mais les États impérialistes restent ceux qui décident de tout. Donc aussi de la hauteur de l’aide fournie, de ses modalités, de son opportunité.
En vertu de quoi, comme cela a été discuté à Djeddah le 5 août, ces mêmes États décideront quand et comment ce conflit pourrait prendre fin au mieux de leurs intérêts. Dans la perspective diplomatique qu’avance Scholtz, et alors que les combats s’intensifient, que les risques qu’ils dérapent se multiplient, que les frappes sur les villes font rage d’un côté comme de l’autre, cela supposera de faire pression sur Kiev. Cela afin qu’il consente à céder à Moscou des parties de son territoire, telles la Crimée et le Donbass.
Zelensky a redit que c’était exclu. Mais ce thème revient si souvent dans les propos de certains dirigeants occidentaux qu’après une guerre avec la peau des Ukrainiens, une « paix » à leurs dépens peut apparaître comme une option pour l’impérialisme.
Pour l’heure, elle ne se matérialise pas. Mais ce n’est pas parce que Zelensky n’en veut pas : c’est que les chefs des puissances impérialistes n’ont pas arrêté de décision en ce domaine. Cela se manifeste dans le fait que, le lendemain de l’interview de Scholtz, son ministre des Finances, Lindner, disait le gouvernement allemand unanime à vouloir livrer des missiles Taurus à l’Ukraine !
Certes, il s’exprimait depuis Kiev, où il cajolait ce bon client des industriels de l’armement allemand. Mais il n’y a de contradiction qu’apparente entre les propos de Scholz et ceux de Lindner. Pour eux et les Biden, Macron, etc., la guerre doit rapporter gros à leurs capitalistes, dans la continuité de toute la politique qu’ils mènent : sur le dos et sur les os des peuples. Depuis un an et demi, civils et soldats ukrainiens sont en première ligne, comme, en face, leurs frères de Russie. Et les tenants de l’ordre mondial vont continuer à les faire mourir dans cette guerre jusqu’à ce qu’ils y aient trouvé une issue qui leur convienne.