Faute de solution, mises à part les anecdotiques applications à la quête de la station la moins chère, les explications qui n’en sont pas vraiment se succèdent dans les médias. L’euro serait en baisse par rapport au dollar, la monnaie d’échange de l’or noir. Les pays producteurs, Russie et Arabie saoudite en tête, réduiraient leur production pour faire grimper les prix. Mais les stocks échangés n’ont-ils pas été constitués avant cette décision ? La Chine consommerait davantage d’énergie fossile, on évoque 800 millions de barils supplémentaires en 2023, soit 2 % d’augmentation. On est loin de celle du litre de carburant à la pompe ! Certains vont jusqu’à mettre en cause la fréquence des voyages en avion, qui exploserait cet été…

Plus prosaïquement, rien ne vient plus tempérer les prix en folie, ni la ristourne de l’État (financée avec l’argent public), terminée fin 2022, ni l’indemnité carburant qui était accessible à certains jusqu’à fin mars. Le seul faible frein reste l’engagement d’une des principales sociétés pétrolières, TotalEnergies, à plafonner à 1,99 euro dans ses 3 400 stations, et jusqu’à fin 2023 seulement, le prix d’un litre de gazole ou de SP95. Il n’empêche que, pour les utilisateurs de véhicules diesel, le carburant vient encore d’augmenter de trois centimes en une semaine.

Les taxes sur les carburants sont certes un des impôts qui, au même titre que la TVA, pèsent sur tous les consommateurs, et encore plus lourdement sur les plus pauvres. Et ce de façon d’autant plus injuste que, dans de nombreuses régions, on ne peut aller travailler, faire ses courses, faire la moindre démarche sans véhicule.

Mais que dire des capitalistes du pétrole, les Shell, Chevron, ExxonMobil, qui ont doublé leurs profits en 2022, à commencer par TotalEnergies et ses 19 milliards d’euros de bénéfice annuel ! Ce dernier, qui depuis des années ne paye pas d’impôts en France sous prétexte que le pétrole est taxé dans les pays producteurs, s’est montré généreux avec ses actionnaires, auxquels il a distribué sur la même période près de dix milliards d’euros de dividendes.

De quoi remplir copieusement les réservoirs de leurs superyachts… et faire encore grimper les prix !