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Leur société
Médias : Monopoly pour milliardaires
Malgré une grève de quarante jours, entraînant la non-parution de cinq numéros du JJD (Journal du dimanche), le milliardaire Bolloré a imposé à la tête de cet hebdomadaire un directeur de la rédaction d’extrême droite.
Les protestations d’une bonne part du monde politique, les demandes d’une loi limitant le pouvoir des actionnaires sur la ligne éditoriale des médias qu’ils achètent n’ont pas empêché le très droitier et très bigot Bolloré de faire valoir les droits que lui confèrent sa fortune et sa propriété privée. Tout comme il avait imposé sa volonté quand il avait mis la main sur Canal+ et CNews en 2015, et progressivement éjecté les journalistes qui ne voulaient pas se conformer à ses idées réactionnaires.
Heureusement pour eux, les journalistes bénéficient d’une clause de conscience. Elle leur permet, en cas de changement de la ligne éditoriale du média qui les emploie, d’en partir de leur propre initiative et de bénéficier quand même d’une indemnité équivalente à celle d’un licenciement, et ensuite de percevoir les indemnités de chômage. En revanche, la loi n’accorde pas une telle clause de conscience à tous les autres travailleurs des médias – techniciens, secrétaires, imprimeurs, etc. – qui sont pourtant indispensables à leur existence. Les institutions ne prennent pas leurs opinions en considération et la loi les oblige à obéir à leur patron sans rien dire, comme tous les autres travailleurs.
Dans la galaxie des milliardaires français influents dans les médias, Patrick Drahi, propriétaire d’Altice, est en difficulté. Les dettes de son groupe et les déboires judiciaires de son bras droit le mettent aux abois, si bien qu’une rumeur dit qu’il pourrait être obligé de se séparer des médias BFMTV et RMC pour garder l’opérateur téléphonique SFR. Deux requins se sont donc mis à tourner autour de cette proie possible : les milliardaires Xavier Niel, qui détient déjà Le Monde, et Rodolphe Saadé qui a récemment mis la main sur La Tribune, en plus de La Provence et de Corse Matin. Saadé, qui a construit sa fortune en tant qu’armateur de la CMA-CGM, envisagerait de lancer un journal du week-end visant le lectorat du JDD déçu de sa reprise par Bolloré.
En régime capitaliste, la liberté de la presse est ainsi le plus souvent la liberté des capitalistes de posséder celle-ci pour tenter de fabriquer l’opinion selon leur intérêt et leurs idées.