Colonies de vacances : chère évasion09/08/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/08/2871.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Colonies de vacances : chère évasion

Malgré les aides, envoyer ses enfants en colonie de vacances cadre de moins en moins avec les budgets des familles populaires, laissant en plan 4,4 millions d’enfants qui ne partent ni en « colo » ni avec leurs parents.

La seule ressource pour les autres est alors un centre de loisirs, quand ils ne restent pas carrément bloqués sur le parking en bas de leur cité ou dans le coin de campagne où ils vivent toute l’année.

Sans les idéaliser, les colonies de vacances ont permis à des générations d’enfants de milieu populaire non seulement de respirer le « bon air », mais aussi de jouer, de se faire des copains et de passer du bon temps en dehors de la famille et des contraintes scolaires. Si elle est parfois considérée comme ringarde, la « colo » reste aujourd’hui appréciée comme un moment d’évasion, d’apprentissage de la vie collective, plus proche de la nature, avec des jeunes qui aiment encadrer les enfants en suscitant leur curio­sité et leur initiative.

L’an dernier, près de 50 000 Bafa, brevets d’aptitude aux fonctions d’animateur, ont été délivrés, malgré un coût de plusieurs centaines d’euros et, ensuite, une rémunération dérisoire. 1 250 000 enfants ont séjourné dans un lieu de vacances collectif, un chiffre en baisse de 350 000 par rapport à il y a dix ans, mais du même ordre qu’il y a un demi-siècle. Ce qui a changé, c’est que les milieux populaires peuvent de moins en moins y avoir accès, et ne sont même plus dans la cible d’une partie des organismes qui cherchent à faire des colonies de vacances une affaire rentable, en les intégrant dans le marché du tourisme. Une enquête de 2018 indique que 28 % des enfants dont les parents gagnent 6 000 euros par mois partent en colonie de vacances, contre seulement 10 à 12 % des enfants dont les parents touchent moins de 3 000 euros. Les séjours proposés qui étaient souvent d’un mois et plus sont raccourcis à une semaine, pour un prix qui tourne souvent autour de 500 ou 600 euros hors voyage et dépasse couramment 1 000 euros, sans parler des « séjours de prestige » ou « d’exception » à 4 000 euros.

Nombre de communes – mais pas toutes – soumises aux restrictions financières de l’État, font le choix de vendre les locaux et les terrains à la campagne ou en bord de mer qui avaient accueilli les enfants sans grande participation financière des parents depuis parfois un siècle. Quant à l’État, c’est une question dont il se détourne plus que jamais. Cela n’empêche pas les discours qui feignent de se préoccuper de l’épanouissement des jeunes générations, désormais concurrencés par ceux qui voient les enfants des classes populaires comme des délinquants en puissance.

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