Le bouclier tarifaire avait été instauré en 2021, avant tout pour permettre aux fournisseurs d’énergie de ne pas perdre leurs clients et de maintenir leurs marchés. Mais, en le supprimant, le gouvernement savait parfaitement qu’il allait faire plonger des millions de ménages et de petits artisans et commerçants dans les difficultés. Avant même de subir la nouvelle hausse, beaucoup reçoivent des rappels de facture, parfois de plusieurs centaines d’euros, pour la hausse de février. En deux ans, ces tarifs ont augmenté de 31 %.

Macron l’a reconnu lors de son intervention télévisée : « La hausse de l’été est importante pour beaucoup de compatriotes dans la difficulté. » Mais les seuls « compatriotes » que sert vraiment le gouvernement sont les capitalistes, ceux qui commercialisent l’électricité sans parfois produire le moindre électron et ceux, parmi les industriels, qui en consomment beaucoup.

Ainsi Macron a-t-il promis de « finaliser la réforme européenne du marché de l’électricité ». Cette réforme, en discussion depuis des mois dans l’UE, vise à revoir le mode de fixation du prix du marché de gros de l’électricité en Europe. Le mode de calcul actuel aligne le prix du marché de l’électricité sur celui du gaz, alors que la majorité du courant produit en France l’est à partir de centrales nucléaires, amorties depuis longtemps. Les industriels français voudraient pouvoir acheter peu cher de l’électricité nucléaire à EDF, avec des contrats à long terme sécurisés. Les courtiers en électricité, comme Engie, TotalEnergie et leurs concurrents, veulent continuer à en acheter à bas prix, pour la revendre avec profit sur le marché européen. La réforme du marché européen de l’électricité est une foire d’empoigne entre politiciens représentant les intérêts des différents capitalistes du secteur.

Quand Macron affirme que les prix ont massivement augmenté depuis deux ans à cause « des phénomènes géopolitiques et des dérèglements de marché », il cache le fait que tous les capitalistes de l’énergie ont décidé d’augmenter leurs tarifs pour prélever leur dîme sur tous les consommateurs, petits ou gros. Avec la réforme du « mécanisme européen », il se battra pour préserver leurs intérêts. Si l’on s’en remet à Macron et à ses acolytes de l’UE, les petits consommateurs, dans tous les pays d’Europe, continueront à payer le prix fort.