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Mali : la Minusma chassée à son tour
À la demande du gouvernement malien, la Minusma, la force armée de l’ONU, quittera le pays d’ici la fin de l’année. Cette éviction suit celle des troupes françaises, sommées de partir il y a un an déjà.
On qualifie volontiers les 11 700 soldats sous casque bleu de « soldats de la paix ». En fait ils n’étaient là que pour servir d’auxiliaires aux troupes françaises chargées de maintenir le Mali dans l’orbite de l’impérialisme français. C’est en janvier 2013 que les soldats français avaient atterri dans ce pays. Quelques mois plus tard, le 25 avril, le Conseil de sécurité de l’ONU créait à la demande de la France cette mission, saluant au passage la « célérité de la France à intervenir » contre les djihadistes et offrant ainsi aux dirigeants français un brevet de bonne conduite. Depuis sa naissance, l’ONU a servi de couverture et d’alibi à bien des interventions impérialistes, que ce soit au Congo en 1960 ou au Rwanda en 1993.
Ces soldats de l’ONU, venus essentiellement de pays africains, ont payé un lourd tribut pour défendre la politique française au Mali. 300 d’entre eux sont morts, davantage que le nombre de tués français mais, comme les militaires français, ils n’ont en rien contribué à défendre les populations. Leur départ n’est donc pas plus à regretter que celui des Français, dont ils étaient de simples auxiliaires, et méritaient à ce titre la même hostilité de la population.
Le gouvernement malien du colonel Assimi Goïta s’en remet désormais aux mercenaires du groupe russe Wagner pour assurer sa propre sécurité, à défaut de protéger la population. L’expulsion de la Minusma lui permet de continuer à surfer sur le sentiment antifrançais provoqué par l’inefficacité de l’intervention militaire de l’ancienne puissance coloniale et par son soutien affiché à des dirigeants corrompus. Le 18 juin dernier, Assimi Goïta a fait adopter par référendum une nouvelle Constitution lui donnant plus de pouvoir, malgré l’opposition d’imams comme l’iman Dicko, partisan d’une république islamique, auxquels le mot laïcité figurant dans le projet de Constitution donnait des boutons. Mais pour la population, même débarrassée des troupes françaises et de leurs supplétifs de l’ONU, l’armée que dirige Goïta, comme d’ailleurs les imams réactionnaires, sont des ennemis mortels qu’il leur faudra combattre.