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Leur société
Tarifs du gaz : des millions d’usagers dans l’angoisse
Au 1er juillet, le tarif réglementé du gaz disparaît, en même temps que le bouclier tarifaire instauré en 2021 par le gouvernement. Cela plonge 2,5 millions de consommateurs dans l’angoisse de devoir payer beaucoup plus cher pour se chauffer ou cuisiner.
La fin du Tarif réglementé du gaz (TRG) résulte des choix politiques de tous les gouvernements depuis vingt ans. En 2007, le marché du gaz a été ouvert à la concurrence pour satisfaire l’appétit des géants de l’énergie, comme Total, ENI ou Suez, qui mettait alors la main sur l’entreprise publique Gaz de France. Les tuyaux acheminant le gaz jusque dans les immeubles restaient les mêmes, gérés par GRDF. Le gaz lui-même continuait de provenir des mêmes pays producteurs, mais il était désormais vendu par une multitude de compagnies se contentant d’acheter des stocks sur le marché européen pour le revendre avec profit. Face au maquis tarifaire ainsi créé, l’État a mis en place le TRG dont il a confié la gestion à Engie. Ce tarif n’a pas empêché les hausses mais les atténuait en lissant les fluctuations du prix sur de longues périodes. Puis en 2019, les députés macronistes ont voté la suppression de ce tarif réglementé au 30 juin 2023.
Entre ces deux dates, sous prétexte de transition énergétique ou de la guerre en Ukraine, les spéculateurs ont fait exploser le prix de l’énergie. Du jour au lendemain, certaines petites entreprises, les boulangers ou les copropriétés, abonnés à des fournisseurs du marché, ont vu leurs factures tripler, quintupler voire décupler. Faute d’approvisionnement ou pour faire pression, des fournisseurs ont arbitrairement cessé leurs livraisons. Le gouvernement n’a pas envisagé une seconde d’imposer aux compagnies le blocage des prix mais a instauré un bouclier tarifaire pour certaines catégories de consommateurs. Ce bouclier, qui équivaut à une subvention publique aux fournisseurs, disparaîtra le 1er juillet au prétexte que le prix du gaz est redescendu, pour le moment.
Durant ces deux ans de flambée des prix, le gouvernement n’a jamais envisagé de revenir sur la loi de 2019 et de maintenir le TRG. Pendant des mois, alors que les reportages sur les factures délirantes se multipliaient, les clients du TRG recevaient des courriers les sommant de choisir avant la fin juin 2023 un fournisseur parmi des dizaines qui prétendent tous être « plus écologistes », « plus avantageux », « moins chers ». Comment ne pas être perplexe, inquiet mais surtout révolté devant ce faux choix et cette absurdité qui ne peut aboutir qu’à une hausse des factures ? Ceux qui ont refusé de choisir vont automatiquement basculer vers une « offre passerelle » de Engie avec un prix établi par la Commission de régulation de l’énergie. Ce prix, dit « repère », se veut rassurant. Mais son mode de calcul, modifié chaque mois selon de multiples critères dont le prix du marché de gros, est bien trop complexe pour être honnête.
On ne peut pas attendre d’un État entièrement au service des capitalistes les plus puissants qu’il régule ou atténue au profit des classes populaires la folie du marché.