- Accueil
- Lutte ouvrière n°2865
- Opcommerce–Tours : “Quoi qu’il en coûte“… aux salariés !
Dans les entreprises
Opcommerce–Tours : “Quoi qu’il en coûte“… aux salariés !
La formation par alternance connaît depuis 2019 un grand succès. C’est la voie essentielle choisie par le gouvernement pour la formation professionnelle et elle a engendré pas mal d’effets d’aubaine.
Les établissements privés aux frais de scolarisation élevés ont fleuri. Ils sont financés via les Opco (opérateurs de compétences) par l’État qui leur a délégué l’attribution des fonds collectés pour la taxe d’apprentissage.
Les entreprises employant des alternants bénéficient de leur travail pendant les deux-tiers du temps annuel (pour 43 % du smic), le tiers restant étant dévolu à la formation théorique. Elles reçoivent une prime forfaitaire annuelle (anciennement 8 000 euros et désormais 6 000) qui permet de couvrir quasiment les frais de salaire des alternants. L’Opco, quant à lui, finance les frais de scolarité grâce aux fonds publics de la formation professionnelle qui ont atteint 14 milliards en 2023. Les cotisations patronales sont calculées de manière à annuler presque en totalité le coût pour l’employeur de l’embauche d’un apprenti de moins de 21 ans. L’apprentissage est désormais un système à guichet ouvert qui n’a pas manqué d’entraîner pour les agents des Opco une masse de tâches supplémentaires. Avec dans certaines structures, comme à Tours, un « management » délétère.
La façade servie sur Internet par les Opco en panne de recrutement dit : « Vous rejoignez une entreprise où la qualité des liens humains est primordiale, où la direction accorde réellement de l’intérêt et de l’attention au bien-être de ses collaborateurs », mais les Opco ne sont pas exempts de maltraitance, aboutissant à des démissions, des licenciements et des risques psycho-sociaux très élevés. Des méthodes constatées par l’inspection du travail de Tours, sans pour autant que la direction nationale de l’Opco trouve quoi que ce soit à y redire. Au contraire, les lanceurs d’alerte ont été stigmatisés, convoqués à plusieurs reprises par la DRH nationale et poussés à la démission. S’y sont ajoutés des accusations mensongères, une surveillance tatillonne, ainsi que le blocage des salaires. Une salariée licenciée a porté plainte pour harcèlement auprès du commissariat de Tours et entamé une procédure aux Prud’hommes pour obtenir réparation du préjudice subi.
À Tours, suite à l’ intervention de l’inspection du travail, la manager mise en cause a été écartée de la structure mais cela a pris des années.
Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, annonce des économies drastiques pour ces opérateurs de l’État. C’est encore une source d’inquiétude pour les salariés auxquels on risque de faire supporter des décisions arbitraires, les managers ayant tout pouvoir.
Ce ne sont pas les hauts cadres et autres directeurs nationaux, ceux-là même qui se chargent avec zèle de faire passer la pilule de la fin du « quoi qu’il en coûte » qui en feront les frais, mais bien les employés. Ces derniers en sont convaincus, et c’est bien ce qui les révolte.