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Leur société
Lyon : tentative de censure de Salah Hamouri
Mardi 20 juin, le maire EELV de Lyon, Grégory Doucet, a pris un arrêté d’interdiction de la conférence de Salah Hamouri prévue jeudi 22 juin à la Bourse du travail. Au dernier moment, le tribunal administratif, saisi par les organisateurs, a autorisé la réunion.
Ce militant nationaliste franco-palestinien originaire de Jérusalem-Est, qui a été expulsé vers la France en décembre dernier, a ainsi pu témoigner devant 250 personnes de l’oppression inouïe subie au quotidien par les Palestiniens.
L’État d’Israël cherche à vider Jérusalem des Palestiniens, en les privant de leur nationalité ; des maisons sont quotidiennement détruites au bulldozer. Salah Hamouri lui-même a passé dix ans en prison pour son engagement politique. Certains prisonniers y ont passé 14 ans, en détention administrative par périodes de six mois renouvelables indéfiniment, dans l’arbitraire le plus total, sans que le motif soit connu. L’accès aux soins y est entravé ; des centaines de prisonniers sont morts suite aux tortures. Des jeunes de 16 ans y sont maltraités comme les adultes, mis à l’isolement et privés d’éducation. Et si un prisonnier meurt avant la fin de sa peine, ignominie supplémentaire, l’administration refuse de rendre le corps à la famille.
Salah Hamouri raconte aussi comment les prisonniers s’organisent collectivement pour tenir face à la violence d’État, avec des cercles politiques, culturels, d’étude, de lecture ; ils ont mené plusieurs grèves de la faim qui demandent toute une préparation clandestine.
Le parti écologiste de Grégory Doucet a beau soutenir, en paroles, la cause palestinienne, la réalité de l’exercice du pouvoir dans une grande ville l’a vite mis au pas. En janvier dernier, le maire avait déjà annulé une table ronde organisée par la mairie où Salah Hamouri devait intervenir, cédant très vite à la préfecture et surtout aux pressions des milieux réactionnaires proches de l’État d’Israël, qui veulent empêcher leurs opposants politiques de s’exprimer librement.
Cette fois-ci, la pression est aussi venue du gouvernement français, dans un climat plus général d’attaques contre la liberté d’expression et de manifestation, la même semaine que la dissolution des Soulèvements de la Terre. C’est de la préfète du Rhône, comme au mois de mars à Nancy, qu’est venue la demande d’interdiction, sous prétexte de risques de « troubles à l’ordre public ». Son représentant l’a justifié devant le tribunal entre autres par la « présence d’un grand rabbin orthodoxe [dans l’agglomération] venu pour l’inauguration d’une synagogue, dont les positions sont brutes, voire extrémistes. » Justifier la censure par l’extrémisme des opposants, il fallait oser !
Gouvernement d’extrême droite israélien, gouvernement français, maire écologiste de Lyon se retrouvent main dans la main contre la liberté d’expression de ceux qui contestent la loi du plus fort.