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Écoles de Marseille : pour ne pas voir l’amiante
Les journalistes de l’émission Vert de Rage de France 5 ont enquêté sur la présence d’amiante dans les établissements scolaires. Leur travail a duré huit mois et a concerné plus de 19 000 écoles élémentaires et maternelles. Ils ont interrogé plus de 37 000 maires ou directeurs d’école, dont certains ont reçu de leur hiérarchie des injonctions de ne pas parler aux médias.
L’enquête a révélé que plus d’une école sur trois était amiantée, ce qui est conforme aux chiffres donnés par l’Association de défense des victimes de l’amiante, l’Andeva, qui parle de 85 % d’établissements scolaires comportant au moins un bâtiment construit avant 1997, date de l’interdiction de l’amiante en France
En région PACA, au moins 369 écoles recèleraient de l’amiante, mais ce chiffre est très certainement sous-évalué. Dans un bon nombre de cas, les diagnostics techniques amiante (DTA), pourtant obligatoires pour les locaux d’avant 1997, n’ont pas été réalisés, ou datent de plusieurs années, parfois plus de quinze ans.
Il est du coup bien difficile de se faire une idée de la situation exacte. Parfois, depuis le diagnostic, des travaux ont été réalisés ou au contraire, dans des écoles dont le diagnostic initial était négatif, l’usure du temps et le manque d’entretien des locaux ont fait que des fibres d’amiante ont été libérées. Sur les cinq écoles marseillaises présentées lors de l’émission, les prélèvements de surface réalisés à l’aide de lingettes par les journalistes eux-mêmes ont été positifs dans quatre d’entre elles. Ils dépassaient le seuil d’alerte de 5 000 fibres par cm2, un seuil réglementaire américain.
La mairie de Marseille, comme bien d’autres, avait refusé de répondre à l’enquête, et ce n’est qu’après la publicité occasionnée par l’émission que l’adjoint chargé du bâti scolaire a organisé en catastrophe une conférence de presse. Le message était : Ne vous inquiétez pas, il n’y a pas de danger immédiat, on fera des vérifications et on désamiantera. Il n’a pas précisé quand et avec quel argent, alors que l’État renvoie la balle aux communes en disant que les travaux dans les écoles ne sont pas de sa responsabilité.
Depuis octobre 2021, un plan de rénovation des écoles marseillaises est en cours. Le budget initial était de 1,2 milliard d’euros, mais les besoins sont aujourd’hui évalués au double. Et si l’État finance le projet à hauteur de 400 millions, le reste consisterait en des prêts garantis, dans une ville déjà fortement endettée. Pour l’instant, les travaux avancent à pas de tortue : trois écoles neuves seulement ont été livrées et des chantiers ont été ouverts dans une vingtaine d’établissements, sans que l’on sache si les travaux ne libèrent pas encore plus d’amiante dans l’environnement.
Les dangers de l’amiante sont connus depuis le début du 20e siècle ; ce matériau est responsable de dizaines de milliers de morts et autant sont à prévoir dans les prochaines années. Le désamiantage des bâtiments scolaires devrait être une priorité nationale mais, pour les responsables politiques marseillais ou nationaux, c’est toujours : rien ne presse.