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Leur société
Influenceurs en ligne : l’arbre et la forêt
Le 1er juin, l’Assemblée et le Sénat ont adopté à l’unanimité une loi encadrant les pratiques commerciales des « influenceurs » sur Internet. Parfois suivis par des millions de personnes, ceux-ci sont utilisés par des entreprises comme panneaux publicitaires parlants.
Le texte de loi prétend essentiellement éviter les dérives dans le domaine de la santé, au nom de l’intérêt du public qui suit les influenceurs. Il interdit la promotion de la chirurgie esthétique ou de certaines pratiques telles que « l’abstention thérapeutique », qui consiste à refuser les médicaments. Concernant les produits addictifs, il applique la loi déjà en vigueur, en interdisant la publicité de la nicotine comme le prévoit la loi Évin, et en cherchant à limiter les jeux de hasard aux majeurs. Avec tout de même l’exception notable de l’alcool : rien n’est prévu pour en interdire la publicité. Les producteurs et négociants de vin et de cognac peuvent se rassurer quant à la défense de leurs intérêts par les parlementaires de tous horizons.
Un des députés à l’initiative de cette loi, Arthur Delaporte (PS), s’est jeté des fleurs, déclarant : « Les “influvoleurs” existeront toujours mais sauront que la loi est là pour les punir. » Mais, si quelques influenceurs ont effectivement un certain pouvoir de nuisance, ils ne font que refléter, en petit, les pratiques commerciales mensongères que les multinationales utilisent depuis bien longtemps. L’affaire récente des moteurs Renault, où près de 1 800 personnes accusent le constructeur de tromperie et de mise en danger, est là pour le rappeler. La liste des scandales de la sorte, qui ont impliqué bon nombre de fleurons du CAC 40, tels que Sanofi et sa Depakine, nécessiterait plus de pages que ce journal n’en contient.
Ce ne sont pas les influenceurs qui fabriquent les produits, ni eux qui en tirent la plus grande part de profits. Mais justement, il n’est pas question pour les députés de s’attaquer au grand capital.