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Carrefour : le PDG licencie et augmente son salaire
Le groupe Carrefour vient d’annoncer la suppression de près de 1 000 emplois dans les bureaux. Dans le même temps, le PDG s’est fait voter par le conseil d’administration une augmentation de son salaire fixe annuel, qui passe de 1,5 à 1,6 million d’euros et atteint 9 millions d’euros avec la part variable.
En accordant 100 000 euros de plus à leur PDG, les actionnaires gratifient leur mercenaire en chef pour ses bons et loyaux services. Le plan de suppression d’emplois, qui devrait être effectif d’ici la fin de l’année, vise aujourd’hui les sièges sociaux du groupe, deux en région parisienne à Massy-Palaiseau, le troisième à Mondeville, en périphérie de Caen. Le nombre des suppressions d’emplois peut être une surprise, mais pas la décision, puisqu’en mars dernier le patron de Carrefour annonçait publiquement son intention de réorganiser les sièges sociaux, en l’accompagnant d’un « plan de gestion de l’emploi et des parcours professionnels ». Ce qui voulait dire, en clair, des suppressions d’emplois.
À ce jour, c’est d’ailleurs le cinquième plan de ce genre que connaît le groupe. Les quatre premiers ont surtout touché les magasins et les centres logistiques. Depuis 2018, Carrefour a supprimé 30 000 emplois : 10 000 découlent des plans de départs dits volontaires ou de ruptures conventionnelles collectives, termes cachant des plans de licenciements. De plus, 20 000 travailleurs sont officiellement sortis des effectifs quand les magasins sont passés sous le statut de location-gérance. Sur les 160 000 personnes employées par le groupe Carrefour dans le monde, la moitié le sont aujourd’hui sous ce statut.
Cette technique vise à confier la direction des magasins, non plus à des cadres salariés du groupe, mais à des gérants devenus patrons de leur magasin. Ils embauchent les salariés eux-mêmes, achètent leurs marchandises à la centrale d’achat du groupe, payent un loyer à Carrefour, qui reste propriétaire des murs. C’est tout bénéfice pour les actionnaires, mais c’est un recul pour les salariés qui se retrouvent divisés avec des contrats selon le magasin et perdent des primes comme l’intéressement groupe, ou se retrouvent avec des diminutions des indemnités journalières en cas d’arrêt-maladie.
C’est dire que l’annonce de cette nouvelle vague de suppressions d’emplois et de l’augmentation du salaire du PDG ne peut être ressentie que comme une provocation par l’ensemble des salariés du groupe.