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Dans le monde
Italie : catastrophe climatique et catastrophe sociale
Les pluies intenses qui se sont abattues entre le 15 et le 17 mai ont provoqué des inondations, des coulées de boue et des affaissements de terrain en Romagne, dans le nord-est de l’Italie. On compte au moins 14 morts, près de 14 000 personnes évacuées, des kilomètres de route impraticables, des milliers de bâtiments compromis et des récoltes détruites. Les dégâts se chiffrent aux alentours d’un milliard d’euros. Nous reproduisons ci-dessous des extraits d’un article de nos camarades de l’Internazionale (Italie – UCI) :
Comme cela se produit parfois, ces inondations mettent en évidence les carences, les incompétences la corruption, les escroqueries et les négligences criminelles des autorités régionales et des gouvernements successifs.
L’Émilie-Romagne est l’une des régions les plus bétonnées d’Italie, avec 9 % des sols rendus imperméables. En 2021, elle figurait à la troisième place des régions les plus consommatrices de sols « avec plus de 658 hectares recouverts dans l’année, représentant à elle seule 10,4 % de la consommation des sols nationale ».
Dans une interview publiée par La Stampa du 18 mai, le météorologue Luca Mercalli parle « d’ignorance volontaire », car rien n’est mis en œuvre, malgré les montagnes d’articles et de rapports qui documentent les effets catastrophiques du changement climatique. […] Parmi les mesures immédiates à prendre, Mercalli explique : « Il faut étudier la situation de chaque bassin, avec tous les interlocuteurs compétents, des ingénieurs aux agronomes en passant par les forestiers. Ensuite, il faut abattre, et reconstruire loin des lits des rivières. »
Mais réunir les « compétences », c’est-à-dire les compétences techniques et scientifiques de la société, n’a de sens que si leurs évaluations peuvent entraîner des décisions pratiques et concrètes. Faute de quoi, elles ne sont qu’un paravent qui masque le problème de fond. […]
« Toutes les compétences » ne sont réunies et surtout écoutées que lorsqu’elles servent, directement ou indirectement, la machine économique capitaliste et le contrôle social de la population. Ainsi, les décisions qui concernent, comme dans le cas présent, la sécurité des populations et du territoire, sont amputées dès leur naissance par les intérêts des constructeurs, qui font plus de profit en économisant sur les matériaux utilisés, par les pouvoirs centraux et locaux, qui font passer leurs intérêts politiciens avant l’efficacité et la durabilité des interventions, par les entreprises qui oublient rapidement les dégâts, même lorsqu’elles les ont subis elles-mêmes, pour se concentrer sur le meilleur moyen d’engranger le plus possible d’aides publiques.
L’humanité possède toutes les connaissances scientifiques et techniques pour construire des bâtiments et des routes qui puissent résister aux catastrophes naturelles et pour décider de leur implantation loin des zones à risque, comme les lits des rivières et des fleuves.
Le changement climatique, désormais reconnu par toute la communauté scientifique, peut être combattu, à condition que l’ensemble de la société ait le droit et le pouvoir de réguler la production suivant l’intérêt collectif, alors que les rapports capitalistes de production empêchent l’humanité d’affronter les conséquences d’événements qui risquent de la détruire.