- Accueil
- Lutte ouvrière n°2859
- Russie : impôt et tribunaux de guerre
Dans le monde
Russie : impôt et tribunaux de guerre
Un député du KPRF – le parti « communiste » officiel, celui qui soutient Poutine et sa guerre – vient de proposer le projet de loi suivant : toute dépense dans un café, restaurant ou établissement similaire comprendrait un impôt, égal à 1 % du montant de la note, qui irait à un fonds d’aide aux familles de mobilisés.
Les petites gens de Russie sont censées y voir la preuve de la fibre sociale de ce parti, et du régime, dans un moment où les finances publiques sont mises à mal et où la population n’adhère pas aussi patriotiquement à la guerre que Poutine le voudrait.
Ainsi, entre la mobilisation « partielle » de l’automne et avril, la justice militaire a été saisie de 1 064 affaires de soldats ayant refusé de se battre, ayant déserté ou abandonné leur unité. Rien que depuis mars, quand le Kremlin a lancé une sorte de mobilisation qui ne disait pas son nom, il y a eu plus de 400 nouvelles affaires de ce genre. Si les verdicts s’accompagnent parfois de sursis, des peines de deux ans ou plus de prison ne sont pas rares. Et il y a de nombreux cas de soldats emprisonnés sans jugement, donc hors statistiques, dont une quarantaine dans le seul centre de détention de Vladimir.
À cela s’ajoutent de plus en plus de civils, dont des femmes âgées, des écoliers ou de jeunes adolescents, que l’on arrête et condamne au motif d’avoir fait des graffitis anti-guerre, d’avoir « discrédité l’armée » dans un dessin ou dans une discussion.
Les réseaux sociaux recensent, ici et là, des conflits sociaux suffisamment larges pour que les autorités préfèrent finalement céder. Ils relèvent aussi des actions directement dirigées contre l’institution militaire, avec de nombreux incendies volontaires de centres de recrutement, comme ce qui a donné lieu à des procès avec de lourdes condamnations à Tver, Ivanovo, Ousinsk, Ekaterinbourg, Nijni-Novgorod. Selon les statistiques du département judiciaire de la Cour suprême, les condamnations à ce titre et pour apologie ou incitation au terrorisme n’ont jamais été aussi nombreuses depuis dix ans.