Dans bien des bureaux parisiens, les facteurs doivent désormais passer chez les commerçants pour apposer des affiches publicitaires vantant les mérites de telle ou telle entreprise. Cela se fait en particulier les lundis et mardis, jours où les tournées de courrier sont déjà particulièrement chargées. On leur demande aussi d’afficher dans des halls d’immeubles, de préférence en cachette du gardien, des appels à se connecter avec Orange, Bouygues ou SFR. Il y a, en outre, les panneaux indiquant les entreprises intervenant sur tel ou tel chantier de construction, que l’on doit photographier avec son facteo, cet instrument dont sont pourvus les facteurs depuis plusieurs années. La Poste peut ainsi vendre ces données.

Tout ce catalogue de nouvelles tâches intervient alors que, à force de suppressions d’emplois, les facteurs ont de plus en plus de mal à effectuer leur tournée dans les temps impartis. Il est aussi parallèle aux choix faits depuis longtemps par La Poste de dégrader systématiquement la distribution du courrier, par exemple en supprimant cette année le timbre rouge, et en retardant de fait la distribution de toutes les lettres.

C’est une stratégie choisie par La Poste depuis longtemps. Elle utilise son réseau de facteurs connaissant les quartiers et les immeubles bien mieux que des prospecteurs occasionnels pour vendre des services aux entreprises qui en font la demande, pour n’importe quelle mission. Elle envoie ses prospecteurs placer les contrats, et ce serait aux postiers de s’exécuter, en plus de leurs tournées surchargées !

La Poste se moque des usagers et des postiers, mais les uns comme les autres n’ont pas à l’accepter. Il n’y a aucune raison d’attendre son courrier de plus en plus longtemps, ni que les facteurs soient surchargés de travail supplémentaire sans que soient créés les emplois correspondants.