Haïti : dans les quartiers et les entreprises, les classes populaires ripostent !16/05/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/05/2859.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Haïti : dans les quartiers et les entreprises, les classes populaires ripostent !

Cet article est l’éditorial du 2 mai de La Voix des Travailleurs, mensuel édité par l’Organisation des Travailleurs Révolutionnaires (OTR-UCI)

Lundi 24 avril, vers 5 heures du matin, quatorze bandits lourdement armés ont été mis hors d’état de nuire par des habitants de Canapé Vert. Des riverains d’autres quartiers, surtout à Port-au-Prince mais dans des villes de province également, emboîtant le pas à leurs frères de classe, n’ont pas tardé à partir à la chasse aux bandits de leurs coins, qui se croyaient jusque-là tout puissants et intouchables.

Jusque-là, la population, dos au mur, se voyait massacrée par dizaines dans certains endroits, par centaines dans d’autres. Au cours du mois d’avril, les gangs ont perpétré trois massacres : à Onaville, Source Matelas (Cabaret), Cité Soleil. On parle de plus de 200 personnes assassinées, dont des bébés.

Le sursaut des habitants du Canapé Vert est tombé comme un coup de tonnerre. Un brusque changement d’état d’esprit : émergence de brigades, renforcement d’autres qui existaient déjà, concert de casseroles, la vigilance est de mise. Depuis, on veille nuit et jour dans certains quartiers de Port-au-Prince. Face à cette mobilisation, des bandits se retranchent dans leurs trous. On n’entend plus parler de kidnapping depuis quelques jours. La peur et le stress sont en train de changer de camp.

Comme les bêtes acculées peuvent mordre encore plus fort, les risques de massacre deviennent plus élevés si la mobilisation ne se généralise pas en entraînant des millions de pauvres dans la bagarre contre cette bande de malfrats qui démolissent la vie sociale et économique du pays.

Entre-temps, les syndicats d’enseignants ont trouvé une entente pour lancer une grève illimitée en vue de contraindre le ministre menteur à régler les arriérés de salaire ainsi que d’autres problèmes qui paralysent l’enseignement public.

Bien avant l’alerte du ­Canapé Vert et la grève des enseignants du secteur public, des milliers de travailleurs de la zone industrielle, du parc Sonapi essentiellement, avaient observé, au début du mois d’avril plusieurs jours de grève et avaient obtenu satisfaction de leurs revendications.

Ces luttes, quoique isolées et très limitées, mais venant des ouvriers, des enseignants et des habitants de quartiers populaires, envoient de bons signaux dans un pays qui se meurt sous la dictature de gangsters économiques et de bandes armées sans foi ni loi.

Ce qui manque cruellement est l’organisation de ce frémissement, de cette mobilisation, un parti révolutionnaire qui permettra aux masses révolutionnaires de planifier leurs luttes contre les gangs, contre ceux qui financent ce chaos meurtrier et donc, contre ce système social qui génère ces vermines par le chômage, la misère et les inégalités sociales criantes.

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