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Leur société
Salaires : une nécessité, l’échelle mobile
« L’inflation ne fera que passer », disaient les responsables politiques et les dirigeants patronaux. Cela fait maintenant des mois que les prix ne cessent d’augmenter et que les hausses se propagent d’un secteur à l’autre de l’économie.
Officiellement, l’inflation, tous produits confondus, était en mars de 5,7 % sur un an. Mais ce chiffre ne rend pas du tout compte de la réalité que vit l’immense majorité de la population. Selon l’Insee lui-même, pour les couches populaires, l’augmentation effective des prix atteint près de 10 %. Car les biens de consommation courante, qui représentent l’essentiel des dépenses de ceux qui ne roulent pas sur l’or, sont ceux dont les prix ont le plus augmenté.
Par exemple, le gazole se vend en ce moment en moyenne 1,85 euro le litre. En mars 2021, il était à 1,40 euro le litre. Cela représente une hausse de 32 % sur deux ans. Dans les grandes surfaces, sur un an, les prix alimentaires ont augmenté de 15,9 %. Mais on a appris, grâce à la guerre commerciale entre industriels de l’agroalimentaire et distributeurs qui a fait la une de la presse, que de nouvelles hausses importantes devraient avoir lieu dans les mois qui viennent. Cela pourrait aboutir à une hausse moyenne des prix alimentaires de près de 25 % par rapport aux prix de début 2022.
Depuis l’annonce des profits record des groupes du CAC 40, des journalistes et des économistes découvrent, comme si c’était une révélation, que ces grands groupes ont profité de l’inflation pour accroître leurs marges. Un nouveau terme est même apparu pour décrire cela : la « profitflation ». Quelle grande découverte ! À qui les hausses de prix auraient-elles bien pu profiter si ce n’est à ces grands groupes ?
En réalité, bien plus qu’un effet d’aubaine, c’est une politique délibérée des grands trusts qui est à l’origine du retour de l’inflation. D’abord les groupes pétroliers ont fait monter les prix, en prétendant qu’avec la transition écologique l’augmentation était inévitable. Puis la guerre en Ukraine et les sanctions contre le pétrole et le gaz russes ont donné un formidable coup d’accélérateur à leur politique et tous les prix de l’énergie ont explosé.
Les géants des autres secteurs de l’économie ont appliqué une stratégie similaire. Les grands armateurs ont réussi à multiplier par trois ou quatre le coût du transport maritime des conteneurs en réduisant le nombre de navires en activité au moment du déconfinement post-Covid. Les constructeurs automobiles, eux, ont axé leur production sur les véhicules haut de gamme. Cela a entraîné une pénurie de modèles bon marché, au point que certains véhicules d’occasion, immédiatement disponibles, se sont vendus plus cher que des véhicules neufs. Cela a permis en 2022 à tous ces groupes de faire des profits exceptionnels : TotalEnergies a réalisé près de 20 milliards d’euros de bénéfices, l’armateur français CMA-CGM plus de 23 milliards et Stellantis, l’ex-groupe PSA, presque 17 milliards.
De ce point de vue, l’année 2023 risque de ressembler à 2022 en pire. L’inflation va continuer et, pour les travailleurs, le seul moyen d’y faire face est d’imposer au grand patronat des hausses de salaire permanentes, compensant au minimum les hausses de leurs dépenses, c’est-à-dire une échelle mobile des salaires.