Police et gendarmerie : violence d’État19/04/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/04/2855.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Police et gendarmerie : violence d’État

Mercredi 12 avril, l’Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN) a jugé que les deux tirs de LBD depuis des quads lors de la manifestation à Sainte-Soline répondaient à une situation de légitime défense.

Cette décision rappelle que, face aux manifestations, policiers et gendarmes mobiles ont toujours pour eux le droit à la légitime violence. Les gendarmes absous par l’IGGN utilisaient des quads, car lors de la manifestation du 25 mars contre les mégabassines à Sainte-Soline, a été expérimentée une sorte de Brav-M des champs, tant la Brav-M des villes, celle de la police, donne satisfaction aux responsables du maintien de l’ordre à Paris. Des gendarmes ont effectué des tirs de LBD à partir de quads en mouvement, ce qui est proscrit par leur déontologie. Les projectiles n’ont blessé personne, mais il y avait tout de même faute. L’IGGN a été saisie et a passé l’éponge, car les tirs ont été réalisés « dans le cadre justifié de la légitime défense de soi-même et d’autrui », les gendarmes se trouvant dans « une situation de péril avéré ».

Le péril avéré était surtout pour les manifestants, et il venait bien de tout le dispositif protégeant la mégabassine. Le bilan est éloquent : 200 des 6 000 à 8 000 manifestants ont été blessés, dont 40 grièvement, touchés principalement par des éclats de grenades de désencerclement et des tirs de LBD. Un homme, blessé à la gorge, est enfin sorti du coma, mais un deuxième reste entre la vie et la mort. À Sainte-Soline, le gouvernement avait décidé de réagir violemment.

Une volonté identique d’intimidation, la même semaine d’ailleurs, est apparue d’une façon évidente lors des manifestations contre la réforme des retraites. Jusqu’à l’usage du 49.3 à l’Assemblée nationale, policiers et gendarmes mobiles étaient quasiment invisibles à proximité des cortèges dans les grandes villes. Depuis, le contact a été permanent, à coups de matraque distribués au petit bonheur ou de tirs de gaz lacrymogènes tous azimuts. L’inflation des gardes à vue n’aboutissant à aucune poursuite en témoigne aussi.

Les violences ou les arrestations arbitraires ne sont pas le fait de brebis galeuses infiltrées dans un troupeau d’agneaux armés, casqués et en armure, et que l’Inspection générale de la gendarmerie ou de la police nationale chercherait à remettre dans le droit chemin. Elles sont discutées, pesées et décidées au plus haut niveau pour faire courber les têtes, quoi qu’il en coûte.

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