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États-Unis : nouvelle attaque contre le droit à l’avortement
Vendredi 7 avril, un juge fédéral du Texas a suspendu la mise sur le marché de la pilule abortive la plus utilisée aux États-Unis, la Mifépristone, ou RU 486, autorisée par l’agence américaine du médicament (la FDA) il y a vingt ans.
L’avortement médicamenteux s’avère la procédure la plus courante, elle concernait 53 % des 930 000 avortements en 2020.
Quelques heures plus tard, un autre juge fédéral de l’État de Washington, saisi par douze États pro-avortement, a ordonné à la FDA de maintenir la vente de la pilule. La décision finale sera prise par la Cour suprême qui s’est illustrée déjà en laissant chaque État libre d’autoriser ou non l’avortement, ce qui a permis à la moitié d’entre eux de l’interdire. Depuis, les lois restrictives qui criminalisent l’avortement se multiplient : l’avortement médicamenteux est puni de cinq ans de prison en Louisiane, dix ans dans l’Oklahoma. Envoyer des pilules abortives par courrier au Texas est puni de deux ans d’emprisonnement. Cette interdiction des pilules abortives dans les États où l’IVG est encore permise restreindrait encore un peu plus l’accès à ce droit.
D’autant que leur vente dans les pharmacies y a été autorisée en janvier dernier. Des réseaux d’entraide, qui fournissent des pilules dans les États où l’avortement est interdit, se sont également mis en place. Passer d’un État à l’autre pour avorter est encore possible.
C’est cette situation qui a déclenché la colère des milieux religieux et anti-avortement, qui n’ont eu de cesse de trouver un nouveau moyen de restreindre le droit des femmes. Ils ont fait appel à ce juge texan réactionnaire, qui s’était déjà illustré par le passé par ses positions contre le mariage homosexuel. Ce dernier a eu le front de prétendre protéger la santé des femmes, arguant de la dangerosité de la pilule.
Le président américain, Joe Biden, a pris publiquement position contre la décision du juge texan et se prétend le champion de la lutte des femmes pour leur liberté. Cette lutte va devenir un enjeu dans les futures élections, les démocrates espérant recueillir la voix des électeurs inquiets de ces offensives contre les droits des femmes. Mais si les femmes éprouvent des difficultés à avorter aujourd’hui, la responsabilité en incombe aussi bien aux démocrates qu’aux républicains. Ce sont les démocrates qui ont, par le biais d’un amendement, introduit une clause de conscience permettant aux cliniques de ne pas pratiquer les avortements. Et ce sont les politiques de restrictions budgétaires successives, qu’elles soient démocrates ou républicaines, qui ont contribué à la fermeture de nombreux établissements publics qui pratiquaient l’avortement.
Pour défendre ce droit fondamental, les hommes et les femmes, aux États-Unis comme dans le monde entier, devront s’en remettre exclusivement à leurs propres luttes.