Crèches : les bébés en danger19/04/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/04/2855.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Crèches : les bébés en danger

Un rapport de l’IGAS (Inspection générale des affaires sociales) au sujet de la qualité de l’accueil dans les crèches, a été commandé suite au décès d’une petite fille dans une micro-crèche de Lyon en juillet 2022.

Le rapport fait état d’une qualité très dégradée de l’accueil des enfants dans certaines crèches. Les témoignages de professionnels et de parents parlent d’enfants oubliés sur les toilettes, privés de sieste faute de lits en nombre suffisant, ou laissés en pleurs jusqu’à ce qu’ils s’endorment, d’enfants à qui on ne donne pas à boire pour éviter de changer les couches, ou d’autres laissés longtemps dans leur couche souillée…

Il est scandaleux que l’IGAS fasse semblant de découvrir cette situation grave. En effet, depuis 2019, les travailleurs du secteur de la petite enfance, organisés dans le collectif Pas de bébés à la consigne, dénoncent la dégradation des conditions de travail du personnel et d’accueil des enfants due aux mesures décidées par le gouvernement. Ils ont réagi en écrivant à juste titre : « Nous avions malheureusement mille fois raison. »

Le rapport parle de maltraitance des enfants, mais c’est le gouvernement, qui fait mine aujourd’hui de la condamner, qui a organisé la véritable maltraitance. C’est lui qui a fait augmenter le nombre d’enfants dont chaque personne doit s’occuper, qui a diminué le nombre de mètres carrés dont doit disposer une crèche pour accueillir chaque enfant, et autorisé depuis juillet 2022 l’embauche d’une proportion encore plus importante de personnel n’ayant aucune formation dans la petite enfance. Il présentait cela comme une façon de pallier les difficultés de recrutement, car il y aurait 10 000 postes vacants, alors qu’il s’agissait tout bonnement de faire des économies budgétaires aux dépens des bébés. Pour combattre cette politique dangereuse et cupide et dénoncer le décret de juillet 2022, les travailleurs du secteur ont dû faire grève à plusieurs reprises, notamment en octobre dernier, dans de nombreuses crèches du pays.

La pénurie de places en crèche a aussi entraîné la prolifération de crèches privées, de groupes comme Babilou qui en ont fait une source de profits, et dont la préoccupation première n’est ni le bien-être des enfants ni celui du personnel.

Maintenant que le mal est fait, Oliver Véran se livre à des discours dans lesquels il promet plus de contrôles sur les crèches, et la création de 200 000 places d’accueil… déjà promises l’été dernier par Élisabeth Borne. Ces déclarations ont fait bondir le syndicat national du personnel de la petite enfance : « Répression sur ces maltraitances qui sont le résultat de vos choix politiques, quelle hérésie ! 200 000 places quand il manque 10 000 professionnels, quelle ironie ! »

Car, comme dans les Ehpad et les écoles, ce sont bien les économies budgétaires des gouvernements successifs qui entraînent l’impossibilité d’accueillir les enfants dignement.

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