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Leur société
Eau polluée : ça rapporte gros
Syngenta, le premier groupe mondial de l’agrochimie, déjà mis en cause pour avoir soustrait une étude sur la toxicité du glyphosate, est cette fois au centre d’une affaire de pollution des eaux potables par les résidus d’un autre produit.
Selon l’Agence de sécurité alimentaire, plus du tiers des eaux potables de France, en surface et souterraines, sont polluées par des résidus du chlorothalonil. C’est un pesticide massivement utilisé notamment pour lutter contre certains champignons dans la culture des céréales et des légumes, et dans l’entretien de la vigne, mais dont l’interdiction a été décidée en mars 2019 par les autorités sanitaires européennes car il est probablement cancérogène.
Plus de la moitié de la population française est concernée mais jusqu’à présent cette pollution n’avait pas été observée… puisque son observation n’était pas intégrée dans les plans de surveillance de la qualité de l’eau. Il faut dire que le groupe Syngenta continue de nier la dangerosité des résidus du pesticide produit dans ses usines, sans fournir de données dans ce sens. Basé en Suisse, il a attaqué en justice les autorités sanitaires du pays, qui se sont vu interdire toute information publique durant la durée, fort longue, du procès.
Malgré tout, le silence commence à être rompu, mais il n’est pas question de toucher aux 5,6 milliards de dollars de bénéfices de Syngenta, en augmentation de 20 % en 2022 par rapport à l’année précédente. Ce sera aux usagers de payer des technologies de traitement de l’eau plus perfectionnées, qui permettront peut-être d’éliminer tous les résidus du pesticide, du moins en Europe puisque ce produit continue d’être exporté.
Le syndicat des eaux d’Île-de-France (Sedif), financé par 133 communes, prévoit d’investir au moins 850 millions d’euros pour mettre aux normes les usines de traitement des eaux de Neuilly-sur-Marne et de Choisy-le-Roi. Or, le Sedif a délégué la gestion des eaux à Veolia qui, selon Mediapart, monopolise avec Suez une technologie permettant une meilleure filtration, mais qui n’est pas non plus sans inconvénients. Cette pollution pourrait donc être très rentable pour un trust de l’eau qui a déclaré l’an dernier pour 1,1 milliard d’euros de profits, salués comme « des résultats record, au-dessus de tous nos objectifs, pour une année historique sur tous les plans ».