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Leur société
Mégabassines : l’État au service des gros agriculteurs
Le week-end des 25 et 26 mars, la manifestation contre la mégabassine de Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres, a fait l’actualité, bien plus du fait de l’énorme déploiement de forces de répression et de leur violence que de ses objectifs mêmes.
Il s’agit de créer dans le marais poitevin seize réservoirs d’eau du même type, pouvant stocker 5,9 millions de mètres cubes d’eau et, plus largement, 93 mégabassines au total en Poitou-Charente.
Les mégabassines sont d’énormes réservoirs artificiels, au fond plastifié et imperméable. Celle de Sainte-Soline occupe 16 ha, l’équivalent de la surface du Stade de France. Ces mégabassines sont remplies essentiellement en pompant dans les nappes phréatiques et les cours d’eau pendant l’hiver. Elles n’ont rien à voir avec les retenues collinaires, des ouvrages de plus petite taille, perméables et se remplissant avec de l’eau de ruissellement, sans système de pompage
Pour les gros agriculteurs céréaliers du département, spécialisés notamment dans le maïs destiné à l’alimentation animale, qui nécessite une irrigation, l’enjeu des mégabassines est de disposer d’une réserve d’eau assurée en été, même en cas de restrictions.
D’autres agriculteurs dénoncent au contraire ces constructions. La Confédération paysanne explique ainsi que, s’il existe 2 000 exploitations agricoles dans la zone concernée, « seules 200 à 300 d’entre elles sont irrigantes et, parmi celles-ci, 103 uniquement sont connectées sur les 16 bassines en projet. 5 % des exploitations vont donc accaparer l’eau au détriment des autres usages agricoles et non agricoles ! »
Il n’empêche que les gros agriculteurs à l’origine de ce projet ont réussi à le faire financer à 70 % par l’État et l’Union européenne, pour un investissement d’environ 70 millions d’euros. Il ne leur a été demandé en échange qu’un engagement à changer de pratiques agricoles dans le futur.
Avec la répression de Sainte-Soline, l’État a choisi son camp. Mais c’était aussi l’occasion de montrer à la population, remontée contre la réforme des retraites, ce qu’il peut en coûter quand on s’oppose à ses projets.