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Leur société
FNSEA : les têtes changent, les intérêts capitalistes demeurent
En congrès à partir du 28 mars, la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) a désigné le successeur de Christiane Lambert.
Seul candidat à la présidence, Arnaud Rousseau, incarne à merveille l’agrobusiness.
Le CV d’Arnaud Rousseau illustre l’évolution capitaliste de l’agriculture qui a fait émerger de grands groupes agro-industriels et des capitalistes de la terre. Le futur président de la FNSEA a en effet succédé à Xavier Beulin, lui-même dirigeant du syndicat patronal agricole jusqu’à son décès en février 2017, à la tête de l’un des plus puissants groupes agro-industriels du pays, Avril-Sofiprotéol.
Spécialiste des oléagineux, colza, soja, tournesol et autres, le groupe possède plus de six usines en France et des marques comme les huiles Lesieur, Isio 4 ou Puget, mais aussi les œufs Matines ou l’agrocarburant Diester. Devenu international, il a racheté des terres et des sociétés dans plusieurs pays d’Afrique et d’Europe. Le chiffre d’affaires d’Avril, qui gère la production industrielle, a frôlé les 7 milliards d’euros en 2021, tandis que Sofiprotéol, la branche financière, affichait un résultat net de 20,7 millions d’euros pour la même période.
Comme tous les prétendants au fauteuil de président de la FNSEA, Arnaud Rousseau est aussi agriculteur. Les 700 hectares de riches terres agricoles de Seine-et-Marne qu’il gère au travers de trois exploitations font pâle figure au regard des activités et des milliards d’Avril, mais en font tout de même un poids lourd chez les céréaliers. Ses trois sociétés civiles d’exploitations agricoles (SCEA), lui permettent d’accaparer plus de terres, plus facilement, et de contourner la réglementation limitant la superficie maximale autorisée pour les exploitations en Île-de-France. Sans même rajouter les cinq sociétés de gestion des terres, de services ou de production d’énergie qu’il contrôle, l’homme d’affaires des champs n’a décidément rien à envier à ceux des villes.
Rousseau colle parfaitement aux objectifs de la FNSEA qui, sous le hashtag « sauve ton paysan », pense d’abord et surtout à sauver et à augmenter les profits des actionnaires de l’agro-industrie et des capitalistes de la terre.