Fin de vie : selon que vous serez puissant ou misérable05/04/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/04/2853.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Fin de vie : selon que vous serez puissant ou misérable

Pour la énième fois, le sujet de la fin de vie revient à la une de l’actualité. Le droit de choisir d’avoir une fin de vie digne devrait appartenir à chacun. Mais dans une société toute entière soumise à la rentabilité, ce droit n’existe pas, pas plus que le droit de vivre dignement.

Convoquée pour répondre à la question « Le cadre d’accompagnement de la fin de vie est-il adapté aux différentes situations rencontrées ou d’éventuels changements devraient-ils être introduits ? », la convention citoyenne a répondu non et proposé de dépasser ce cadre en inscrivant dans la loi l’aide active à mourir, c’est-à-dire le droit au suicide assisté ou à l’euthanasie.

Il s’agit ici de la situation de personnes souffrant d’une maladie incurable en phase terminale, ou victimes d’accidents qui ne leur offrent plus comme avenir que la mort au terme de grandes souffrances et de dégradations insupportables pour elles-mêmes et leurs proches.

La loi actuelle répond en partie au problème. À la demande du malade ou, s’il ne peut plus le faire lui-même, après une décision collective des proches et des soignants, la loi autorise à arrêter les traitements. Elle oblige aussi à calmer les douleurs y compris avec des doses de médicaments dont on sait qu’elles peuvent entraîner la mort. Elle impose de « permettre une sédation profonde et continue jusqu’au décès ».

Avec une bonne dose d’hypocrisie, la loi permet donc de « laisser mourir » mais elle refuse de « faire mourir. » Cela dit, dans une société où tous les rapports sociaux et toutes les activités sociales sont gouvernés par l’argent, on pense immédiatement aux multiples et sérieux garde-fous qu’il faudrait mettre en place si la loi autorisant à faire mourir, donc autorisant l’euthanasie, était votée.

Mais c’est dans tous les aspects qui entourent la fin de vie que les impératifs financiers et de rentabilité règnent en maîtres. Les hôpitaux et les Ehpad sont à la diète. Ils manquent de personnel, de lits, voire même de services de soins palliatifs, de médicaments, pour peu que ceux qui sont nécessaires ne soient pas répertoriés par la pharmacie de l’hôpital parce que trop chers. En termes d’hébergement, d’équipements techniques, de matériel, la différence est grande entre les meilleurs services des meilleurs hôpitaux privés au tarif exorbitant et certains hôpitaux publics à la diète.

Quant à la fin de vie de ceux qui n’ont pour maladie que le grand âge, il n’y a rien de comparable entre celle ou celui auquel ses revenus permettent de rester chez lui avec le personnel nécessaire matin, midi, soir et même la nuit, et celle ou celui qui se retrouve isolé dans un logement inconfortable avec pour seule compagne la télévision.

La vie de chacun dépend de ses revenus, de son milieu, de ce qui définit son niveau de vie. Il ne peut en être autrement pour la fin de vie.

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