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Leur société
Dette publique : aux capitalistes de payer
La dette publique de l’État a atteint, en France, les 3 000 milliards d’euros, ce qui représente plus de 110 % du produit intérieur brut (PIB), plus que l’ensemble de toute la richesse produite sur une année sur le territoire français.
L’énorme dette est creusée au profit de la classe capitaliste, mais c’est au reste de la population que l’État demande de se serrer la ceinture.
Le budget de l’État est présenté comme prenant en charge de nombreuses activités vitales pour tous : la santé, l’éducation, les transports, la voirie… En réalité, tout cela représente de gigantesques marchés pour les trusts, à commencer par les grands groupes français. Dès qu’il s’agit de construire un hôpital ou un bâtiment public ou de les rénover, ce sont les géants de la construction comme Vinci qui en profitent. Pour ce qui est de la gestion des eaux et des déchets, Suez et Veolia raflent la mise. Lorsque la SNCF développe des lignes à grande vitesse, avec des viaducs et des tunnels, ce sont des contrats mirifiques pour Bouygues ou Alstom, qui fabrique les rames. Le budget militaire enrichit Dassault, Thales et bien d’autres car il faut aussi vêtir et nourrir les soldats. Même le budget de l’Éducation nationale ne sert pas qu’à payer les enseignants et le personnel en général. Quelle part va aux éditeurs privés qui vendent très cher des manuels scolaires ?
C’est comme si les caisses de l’État et celles des grands groupes privés étaient des vases communicants mais à sens unique : l’État s’endette et les grands groupes s’enrichissent. En 2022, les groupes du CAC 40 ont réalisé un chiffre d’affaires cumulé équivalant à 70 % du PIB et ils ont annoncé plus de 150 milliards d’euros de bénéfices. Cette somme à elle seule représente plus de la moitié des 270 milliards d’euros que l’État a dû emprunter pour boucler son budget.
Le parasitisme capitaliste ne s’arrête pas là. Chaque euro emprunté par l’État rapporte à la finance, c’est-à-dire aux actionnaires de ces mêmes grands groupes qui trouvent très rentable et très sûr « d’investir » en prêtant à l’État. La population doit payer cet endettement et les intérêts qui vont avec, et elle le fait d’abord par l’impôt. Celui qui rapporte le plus à l’État est la TVA, que paye même celui qui dort dehors. La population paye aussi par la dégradation de tous les services publics. Car toute la propagande sur la dette de l’État qu’il faudrait réduire vise à faire accepter que, dans le budget public, la part à réduire soit justement celle qui est utile à tous et non celle qui profite aux capitalistes.
Cela fait longtemps que l’État est devenu une vache à lait pour les grands groupes capitalistes français, qui en sont de plus en plus dépendants. En même temps, cette dette leur pose un problème car, pour l’assumer, l’État doit constamment emprunter, et cette fuite en avant n’est pas sans risque. Il y a quelques années, l’État grec a ainsi été mis au bord de la faillite par ses créanciers car il n’arrivait plus à trouver de l’argent à emprunter, si ce n’est à des taux hallucinants. La bourgeoisie grecque et surtout ses créanciers des banques françaises, allemandes et autres ont alors imposé à la population grecque des mesures d’austérité dramatiques. Le niveau de vie s’est effondré et les services publics aussi. Même si l’État français est plus riche que l’État grec, c’est ce qui menace ici demain, tant cette dette est devenue importante.