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Dans le monde
Crise bancaire : la peur de la contagion
Après la faillite de la Silicon Valley Bank (SVB), Biden, les ministres européens et les dirigeants des banques centrales ont déclaré sur tous les tons qu’il ne faut pas paniquer, que les banques sont solides, qu’aucune contagion à l’Europe n’était à craindre…
Quelques jours plus tard, le Credit suisse, une des trente plus grandes banques du monde, était à son tour acculé à la faillite.
Désormais présenté comme le maillon faible de la finance européenne, le Credit suisse est la plus ancienne banque d’affaires de la Confédération helvétique. Deuxième banque du pays, elle emploie 50 000 personnes et gère plus de 1 600 milliards d’euros dans tous les secteurs de l’économie.
Quelques jours après la faillite de la SVB, le président de la Banque nationale saoudienne, principal actionnaire du Credit suisse, a déclaré ne pas pouvoir lui apporter une aide financière supplémentaire. Cela a suffi pour provoquer une chute de 24 % de son cours en Bourse. Mise sous pression par les détenteurs de capitaux, mais aussi par les dirigeants politiques européens, la banque centrale de Suisse a décidé en quelques heures de mettre plus de 50 milliards d’euros à disposition du Credit suisse, puis 200 milliards... avant que ne soit décidé son rachat par UBS, la plus grosse banque du pays.
Les actionnaires d’UBS font ainsi une excellente affaire, le Credit suisse étant racheté pour le tiers de la valeur qu’il représentait encore après son effondrement boursier. En outre, l’État suisse a assuré UBS qu’elle pourrait compter sur son appui financier. Cette rescapée de la crise de 2008 grâce à l’argent public a ainsi été promue en quelques heures sauveuse de la finance mondiale... jusqu’à nouvel ordre.
En 2008, en inondant de liquidités les marchés financiers, les États ont certes repoussé le spectre d’un effondrement général du système. Mais ils ont aussi alimenté la spéculation à un niveau tel qu’ils ont fait du système financier un château de cartes dont la stabilité ne repose que sur la confiance qu’on veut bien lui accorder. L’inquiétude suscitée par une turbulence boursière ou une faillite bancaire pourrait à tout moment se transformer en une vague de panique non maîtrisable, donnant lieu à des mouvements de capitaux d’une telle ampleur qu’aucun État ne pourrait s’y opposer.
C’est une telle catastrophe que craignent les dirigeants du monde capitaliste, sans avoir d’autres moyens de l’empêcher que de multiplier les discours rassurants et mensongers.