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Leur société
SNU : retour vers l’âge des casernes
Selon un document publié par erreur sur le site Internet du ministère de l’Éducation nationale, le Service national universel (SNU) inauguré en 2019 pourrait devenir obligatoire à la rentrée 2024 pour les quelque 800 000 jeunes des classes de seconde.
Pour l’heure, organisé hors du temps scolaire, ce service conduit des volontaires âgés de 15 à 17 ans – 32 000 en 2023 contre 50 000 espérés par le gouvernement – à vivre pendant douze jours une vie de caserne, encadrés par des militaires ou des animateurs, en uniforme avec salut au drapeau et Marseillaise obligatoires. Selon les promoteurs de ce service national, se familiariser aux « valeurs de la République » et prendre goût à « l’engagement » passe par la marche au pas, le parcours du combattant, les séances de self-défense. Aucune initiation aux armes à feu n’est au programme, mais le SNU – qui se prolonge d’une mission d’intérêt général – n’est pas une colonie de vacances : sous couvert de camaraderie et de vie collective, l’objectif est de faire mariner les participants dans un bain patriotique, sans s’interroger sur le rôle qu’a eu et qu’aura l’armée française. Le SNU, plus qu’une préparation militaire, a un objectif d’endoctrinement que Macron se prépare à étendre à toute une classe d’âge sur le temps scolaire.
L’objectif d’une généralisation du SNU n’est pas une surprise, et une partie de la jeunesse le conteste depuis des mois. Mi-décembre, sur le pont du porte-avions Charles-de-Gaulle, Macron avait déclaré son ambition que la jeunesse soit mise plus étroitement au contact de la chose militaire : « Je sais pouvoir compter sur les militaires pour faire face aux défis de renforcer les forces morales de la nation, en particulier de la jeunesse. » Alors que des centaines de fermetures de classes sont annoncées pour septembre 2023, que des milliers de postes d’enseignants sont menacés par la réforme de la voie professionnelle, deux milliards d’euros sont envisagés pour un encadrement militaire, même de courte durée, de la jeunesse scolarisée.
« Il s’agit d’un bagage républicain offert à tout le monde, en aucun cas le retour d’un service militaire », s’est défendue ces derniers jours Sarah El Haïry, la secrétaire d’État chargée de la Jeunesse et du Service national universel. Mais la distance entre le bagage et le paquetage peut être courte étant donné la montée des tensions internationales. Comme le dit la chanson du film Avoir vingt ans dans les Aurès sur la sale guerre coloniale menée par l’armée française en Algérie : « Fous pas ton pied dans cette merde ou bien t’y passeras jusqu’au cou. »