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Leur société
Prix : racket en bandes organisées
Les uns après les autres, les patrons de la grande distribution y vont de leurs déclarations alarmistes : « L’inflation alimentaire va continuer à augmenter pendant les six premiers mois » (M.E. Leclerc) ; « L’inflation va continuer au moins jusqu’à l’été » (M. Biero, Lidl). Et tous d’annoncer que l’inflation annuelle atteindra 16 ou 17 % d’ici juin.
Pour les produits alimentaires, l’inflation officielle pour l’année 2022 était de 12 %. Le panier de courses de France Info, lui, a augmenté de 15,6 %. Il y a quelques semaines à peine, Bruno Le Maire répétait, ainsi que d’autres ministres, ou experts que le pic de l’inflation était dépassé, que celle-ci allait redescendre sous la barre des 10 %. Il affirmait qu’il n’y aurait pas de « mars rouge » pour les prix. En effet, il y aura une année 2023 noire.
En courant les plateaux de télévision pour annoncer aux classes populaires que le sucre va augmenter de 40 % et les steaks hachés surgelés de 35 %, les patrons de la grande distribution ne font pas que préparer les esprits à la hausse : ils se présentent en défenseurs des consommateurs. Engagés dans les négociations annuelles pour fixer les prix de vente avec les industriels de l’agroalimentaire, les patrons de Carrefour, Leclerc, Lidl et compagnie cherchent à renvoyer la responsabilité de ces hausses spectaculaires aux Tereos, Danone, Fleury Michon, Bigard et autres producteurs.
Ces patrons sont d’un cynisme sans limite. Leurs profits ont bondi en 2022 : par exemple 1,35 milliard d’euros de bénéfices pour Carrefour (+25 %) ; un chiffre d’affaires qui a dépassé les 100 milliards d’euros pour le groupe Lidl. Même Macron, depuis le Salon de l’agriculture, a tenu à demander « un effort sur leurs marges » aux grands distributeurs. Mais ces mots ne sont suivis d’aucune mesure contraignante, ni du moindre contrôle, et n’annoncent rien qui puisse faire peur à Michel-Édouard Leclerc et à ses acolytes.
Le bras de fer entre l’agro-industrie et la grande distribution a cependant un mérite : il lève un petit coin du voile sur les pratiques de ces requins : les géants de la distribution et ceux de l’agroalimentaire. Vis-à-vis du public, ils s’accusent mutuellement d’être les responsables des hausses, mais ils s’entendent surtout pour se partager les profits sur le dos des consommateurs.
Ainsi, pour Alexandre Bompard, patron de Carrefour, « les industriels demandent des hausses de tarifs délirantes ». Le patron de Système U a dénoncé « les effets d’aubaine » et rappelé que, en fait, le beurre, le maïs, l’acier, l’aluminium, les emballages, les transports « sont à la baisse » ces derniers mois. Le directeur des achats chez Lidl a dénoncé « les industriels qui profitent de la situation en demandant des hausses non justifiées. » Il réclame, dit-il, des factures pour justifier les demandes de hausse.
Les mieux placés pour contrôler les factures et la réalité des prix et des marges pratiqués par les uns et les autres, et les rendre immédiatement publics, seraient les salariés de toutes ces entreprises. Il faut imposer la levée du secret commercial !