À Saint-Chamond, NBC-Sys (filiale du groupe Nexter) fabrique à plein rendement des masques à gaz et des cartouches : son chiffre d’affaires a doublé en cinq ans, avant même le début de la guerre en Ukraine. Un second site de production doit être créé à Saint-Étienne. Hervé Reynaud, maire de Saint-Chamond et vice-président de la Métropole de Saint-Étienne, s’en félicite au nom de la « souveraineté nationale ». Que les morts, ukrainiens, russes ou autres, en soient remerciés !

Le fameux canon Caesar, dont 18 exemplaires ont été livrés à l’armée ukrainienne et qui fait depuis des années dans les mains de l’armée saoudienne des ravages au Yémen, est produit par Nexter (ex-GIAT). Les ébauches du canon sont produites à Firminy dans l’usine Aubert et Duval, une filiale du trust Eramet, qui a comme actionnaire principal l’État mais aussi la famille Duval, 75e fortune de France. Le Caesar est ensuite usiné à Bourges avant d’être intégré à un véhicule de combat à Nexter Roanne, où les effectifs n’ont pas été aussi hauts depuis longtemps. Et on pourrait multiplier les exemples dans la région ou le pays.

Dans le bassin de Saint-Étienne, sinistré par la crise, les défenseurs d’une politique militariste mettent en avant que la reprise de la production d’armes ferait reculer le chômage. Les reportages dans la presse ou la télévision locale se multiplient, accompagnant un discours guerrier qui vise à faire adhérer la population.

Mais, à propos d’emplois, où sont donc ceux qui devaient être créés dans les hôpitaux et les services utiles à la population ? Au début de la crise du Covid, il n’y a pas eu le même empressement pour fabriquer des masques, des respirateurs ou autres, tant de choses qui ont dramatiquement manqué.

Aujourd’hui, cette production d’armements se fait au détriment des productions utiles à la population qu’il serait autrement plus rationnel de développer, et qui pourraient créer de nombreux emplois… et dont la finalité ne serait pas de préparer des massacres.