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Haïti : les puissances impérialistes hésitent à intervenir
Cet article est extrait du mensuel La Voix des Travailleurs édité par l’OTR (Organisation des travailleurs révolutionnaires - UCI) d’Haïti.
De l’État bourgeois traditionnel, il ne reste presque plus rien. Les locaux de la plus haute cour de justice haïtienne sont occupés par les gangs armés depuis de nombreux mois. Mal entraînés, sous-payés, les policiers, tout en fuyant les commissariats, tombent comme des mouches sous les balles assassines des gangs armés. C’est presque dans la clandestinité que l’exécutif et ce qui reste des institutions fonctionnent. Malgré tout, pour les puissances impérialistes, il n’y a pas feu en la demeure. Les fondements de leur système d’exploitation, la propriété privée des moyens de production ne sont pas encore menacés.
Les gangs continuent de faire régner la terreur dans tout le pays. Presque en terrain conquis, ils continuent à mettre le grappin sur de nouveaux territoires, procèdent à des massacres dans les quartiers populaires. Si les masses exploitées en sont les principales victimes, la bourgeoisie en prend aussi pour son grade. Les activités économiques s’effondrent. Les principales routes reliant les différents départements sont bloquées, les ports fonctionnent au ralenti. Fuyant la fureur des gangs, de nombreuses entreprises commerciales sont fermées. Certains patrons et ressortissants étrangers sont kidnappés, d’autres se font tuer.
Appelées à leur secours par le biais du gouvernement et du Premier ministre, les classes dominantes haïtiennes avaient sollicité le 7 octobre 2022 des puissances impérialistes internationales l’envoi « sans délai d’une force spécialisée armée internationale pour contrer la montée en puissance des gangs armés ».
Mais, depuis, les puissances impérialistes soufflent le chaud et le froid. En attestent la prudente attitude du gouvernement américain, les dernières déclarations de l’ambassadeur du Canada en Haïti et celles d’Antonio Guterres. Donnée pour imminente il y a près de quatre mois, une intervention militaire majeure en Haïti aujourd’hui n’aurait pas d’impact durable selon Bob Rae, l’ambassadeur du Canada à l’ONU. Un avis que ne partage pas Antonio Guterres qui continue d’appeler à une intervention militaire pour résoudre la crise humanitaire.
Les tenants de l’ordre capitaliste mondial hésitent. Le feu n’est pas encore en Haïti. Ce serait le cas si c’était la classe ouvrière et des millions d’affamés qui étaient dans les rues en train de leur disputer la mainmise sur les richesses du pays, ou même si c’était un politicien bourgeois qui se hasardait à diffuser des illusions en direction des masses populaires. À ce moment-là, ils n’hésiteraient pas une seconde à intervenir, comme ils l’ont fait en République dominicaine en mai 1965 ou encore à Cuba après la victoire des castristes. Ils hésitent de peur que leur présence ne soit un facteur de sensibilisation et de prise de conscience des masses populaires contre les gangs et la classe des exploiteurs.
Les petits gangs des quartiers populaires et les grands gangs de l’impérialisme, qui dominent le monde, ont ceci en commun qu’ils vivent tous de l’exploitation des masses populaires. Disons-le bien : tant que cela persiste, il n’y a pas d’autre solution pour les masses exploitées que de se mettre en lutte pour renverser cet ordre social à l’échelle d’Haïti et du monde.