- Accueil
- Lutte ouvrière n°2847
- ADP : cherche soutiers gratuits
Dans les entreprises
ADP : cherche soutiers gratuits
Le groupe ADP (Aéroports de Paris), qui fait partie des sponsors des JO de Paris 2024, est en pleine campagne de recrutement de milliers de bénévoles pour assurer la logistique de l’événement.
L’entreprise aéroportuaire, cherchant peut-être un moyen de faire sa propre publicité, n’a pas attendu l’ouverture en mars du site officiel de recrutement émanant du comité d’organisation des JO. Les travailleurs reçoivent des tracts aux cantines et des mails de la direction, qui leur propose de guider les équipes dans les aérogares au moment des JO, et cela gratuitement. La fête du sport mérite bien de travailler dans l’ombre, avec le sourire, et sans basses considérations d’argent ! Mais ce message a du mal à passer auprès des salariés : ADP vient en effet d’annoncer le versement de 300 millions de dividendes à ses actionnaires, soit plus de trois fois le plancher annoncé il y a un an. Le bénévolat, ce n’est pas pour tout le monde !
Parallèlement, une campagne a également lieu en direction des lycées professionnels de la Seine-Saint-Denis. ADP emploie pour l’occasion Pascal Gentil, ancien champion de Taekwondo, en pensant sans doute que son image de sportif sera un bon appât. Mais les lycéens ont surtout l’occasion de goûter au mépris patronal et au sentiment très juste d’être considérés comme des soutiers. Ainsi, lors d’une visite en février au lycée Eugénie-Cotton de Montreuil, Gentil brandissait fièrement le fait que les bénévoles auraient droit à des tenues Lacoste et… un repas gratuit par jour ! Sans doute pensait-il que cela suffisait comme salaire. Il précisait bien que ce bénévolat ne donnait pas accès aux événements sportifs, tout en déclarant : « C’est une sacrée expérience, ADP est une grande entreprise. » Et il laissait entendre que les bénévoles des JO auraient plus de chances d’y obtenir un stage, comme si c’était une récompense. Il ajoutait fièrement : « J’ai obtenu plus de mille postes pour le 93, je vous fais une fleur ! »
Après ce mauvais show, plusieurs lycéens, qui se demandaient bien en quoi consistait la fleur, parlaient à la place de poudre aux yeux. On ne saurait mieux dire.