- Accueil
- Lutte ouvrière n°2846
- Agitation à l’Assemblée
retraites
Agitation à l’Assemblée
Depuis le 6 février, les séances à l’Assemblée sont, presque toutes, prétextes à des manœuvres de diversion de la part du gouvernement qui tente ainsi de faire oublier que c’est la mobilisation des travailleurs contre sa réforme des retraites qui peut le mettre en difficulté.
Thomas Portes, député de la Nupes, a été exclu quinze jours de l’Assemblée pour avoir osé poser le pied sur un ballon à l’effigie du ministre du Travail. Cette photo bien anodine a été montée en épingle par les élus de la majorité, en leur permettant de se débarrasser temporairement d’un député qui y est opposé. Mais, lundi 13 février, la déclaration d’un autre député de la Nupes, Aurélien Saintoul, à propos du même ministre du Travail, qualifié d’« assassin » en raison de sa propension à relativiser l’augmentation du nombre d’accidents mortels au travail en France, a servi de prétexte à de nouvelles jérémiades de la part du gouvernement. Ce dernier, tout comme des députés LR ou encore Marine Le Pen, ont alors dénoncé une « violence » qui empêcherait l’Assemblée nationale de mener à bien ce qu’ils appellent le « débat démocratique » sur la réforme des retraites.
Dans la soirée du 14 février, dans le cadre des marchandages avec les députés LR, le gouvernement a été lâché par 38 d’entre eux, qui ont voté contre l’index seniors. La droite historique a ainsi rappelé à Macron qu’il fallait compter avec elle.
Quoi qu’il arrive à l’Assemblée et que les députés aient fini ou non l’examen du projet de loi contre les retraites, vendredi 17 février ce dernier quittera l’Hémicycle pour le Sénat. Le gouvernement, ayant inscrit cette réforme dans le cadre de sa loi de finances rectificative de la Sécurité sociale, peut imposer un calendrier accéléré, selon l’article 47-1 de la Constitution. Et comme cette dernière est bien faite pour le gouvernement, il lui restera toujours en réserve la possibilité de jouer la carte du 49-3 pour faire passer sa réforme en force, quoi qu’il se passe à l’Assemblée, au Sénat ou dans la commission mixte qui suivra. En somme, le système est verrouillé et même cadenassé de l’intérieur montrant un peu plus le caractère profondément antidémocratqiue du système parlementaire.
Journalistes et ministres savent combien le rapport de force se joue ailleurs qu’à l’Assemblée. Ce qu’ils craignent est que le mouvement continue et s’amplifie dans les entreprises et dans la rue, indépendamment du calendrier parlementaire. Car ils savent que les travailleurs pourraient alors faire sauter tous les calendriers, délais et autres cadres légaux de leur prétendue démocratie et obliger le gouvernement à remballer sa réforme.
Loin des bruits inoffensifs de l’arène parlementaire, le gouvernement comme le grand patronat n’ont peur que de la voix puissante de millions de travailleurs en grève, arrêtant la pompe à profits et descendant dans la rue.