Les manifestations du 7 février ont été moins importantes que le 31 janvier mais du même ordre que celles du 19 janvier. On comptait 4 100 manifestants à Valenciennes, plus de 4 000 à Boulogne-sur-Mer, 5 000 à Douai, selon La Voix du Nord, entre 30 000 et 50 000 à Lille. Dans les différents cortèges, on entendait « Pour une troisième journée, c’est pas mal ! », le sourire aux lèvres.

À la porte de plusieurs entreprises, la veille, les discussions reflétaient tous les sujets du moment : les retraites, bien sûr, mais aussi les prix qui s’enflamment, et même l’avenir pour les enfants, dans un monde qui va vers la guerre. De la mobilisation, un intérimaire disait : « C’est comme un combat de boxe, il faut tenir, car là le gouvernement montre des signes d’hésitation. »

Des travailleurs de plusieurs entreprises ont raconté comment, lors de la dernière journée de grève, le patron avait tout fait pour que les productions sortent absolument comme d’habitude : chez Toyota, même des cadres sont venus travailler sur des postes ouvriers, ce qui a fait bien rire ceux qui, pour une fois, les ont vus transpirer.

Ce 7 février, de nombreux travailleurs du privé ont fait grève. À Transville, les transports en commun du Valenciennois, une soixantaine était en grève, comme le 19 janvier. À Boulogne-sur-Mer, dans la zone de transformation du poisson de Capécure, de nombreux travailleurs ont encore fait grève, par exemple, chez Findus, une cinquantaine sur près de 200. Des travailleurs de l’usine Roquette en Flandres sont venus manifester à Lille dans six autobus, après être venus dans quatre le 19 janvier. Un bus de PSA Douvrin est également venu manifester à Lille. À Renault Douai, des intérimaires ont débrayé à la prise de poste du 7 février, pour la première fois.

Dans toutes les manifestations, des travailleurs, individuellement ou en groupe, sont venus à nouveau en tenue de travail. Se côtoyaient des travailleurs du bâtiment, des eaux, de la plasturgie, de l’automobile, des écoles, des hôpitaux, des transports et bien d’autres : le monde du travail était bien dans la rue !