Le groupe maroquinier Fleurus est un sous-traitant d’Hermès et Chanel. Comme le luxe marche très bien, il vient d’investir 6 millions d’euros dans une nouvelle usine. Il a aussi bénéficié de 300 000 euros de subventions de la communauté d’agglomération de Vichy.

Les conditions de travail y sont particulièrement pénibles. Car les « petites mains » du luxe doivent gratter, percer, coudre, coller, assembler, le plus souvent à la main. Alors les tendinites aux poignets, coudes, épaules sont nombreuses et cela peut arriver très jeune. Car il faut faire le « quota » et tenir la cadence. Sinon ce sont les remontrances des chefs et cela peut aller jusqu’à faire pleurer une ouvrière !

Les sacs qu’elles produisent, pour des salaires qui sont juste au-dessus du smic, environ 1 400 euros mensuels, se vendent à plusieurs milliers d’euros, les bracelets à plusieurs centaines. Alors, pas étonnant que les familles qui possèdent Hermès ou Chanel nagent dans les milliards d’euros !

Le jeudi 2 février, elles sont allées ensemble voir la direction, qui a refusé toute augmentation prétextant qu’elle avait fait des investissements ! Le lundi 6, lorsqu’elles y sont retournées, la direction proposait un 2 % bien insuffisant et la grève et la participation à la manifestation contre la loi sur les retraites étaient décidées pour le lendemain.

Le 7, les grévistes étaient en tête de la manifestation dans les rues de Vichy, recevant un large soutien. Et si, le soir, la direction n’avait rien cédé de nouveau, les ouvrières étaient fières de leur grève, la première pour beaucoup, conscientes que ce sont elles qui font tourner l’usine et créent les richesses : « Sans nous, ils ne sont rien ! »