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Débat pipé à l’Assemblée
Le lancement des débats sur la réforme des retraites, le 6 février, a été le début d’une foire d’empoigne à l’Assemblée nationale, sur laquelle, comme on pouvait s’y attendre, les projecteurs médiatiques ont été braqués.
Le point qui a animé la première journée a été la question d’une motion référendaire, les groupes de la NUPES et du RN soutenant chacun la sienne. Les arcanes du règlement de l’Assemblée ont fait que seule celle du RN a été soumise au vote, ce qui a poussé les députés de la NUPES à crier au déni de démocratie. Il n’y avait en réalité aucun véritable enjeu. Car même les voix additionnées des députés du RN et de la NUPES n’auraient pas suffi à faire passer une telle motion, à moins que des députés de droite se joignent à eux. Encore cela n’aurait-il été qu’une toute première étape, car il aurait fallu ensuite que le Sénat vote cette motion et enfin que Macron, lui-même, donne son accord pour qu’un référendum puisse avoir lieu.
Mais y a-t-il besoin d’un tel référendum pour savoir que l’immense majorité de la population est contre la réforme des retraites, alors que tout le monde le sait, à commencer par le gouvernement ? Il est évident aussi que ce n’est pas la perspective d’un référendum qui peut le faire reculer. Ce n’est pas pour rien que les députés du RN se sont jetés sur ce sujet. Parler de référendum leur permet de prétendre être du côté de ceux qui sont contre la réforme tout en désavouant en fait les manifestations et les grèves. Pour le RN, revendiquer un référendum est une manière de faire diversion et de se démarquer de la mobilisation ouvrière.
Que des députés de la NUPES veuillent se battre contre la réforme des retraites avec les moyens que leur donne leur position à l’Assemblée nationale, c’est tant mieux. L’élection à un poste de député peut au moins donner une tribune pour dénoncer les manigances du pouvoir. Mais dire que là est la voie pour faire reculer le gouvernement, c’est vouloir donner du crédit à une action dont ils savent qu’elle est une impasse et une tromperie. Eux-mêmes, du haut de cette tribune, devraient dénoncer le fait que l’Assemblée nationale n’a aucun pouvoir et que la plupart des débats ne sont donc que du spectacle pour accréditer l’illusion de la démocratie. Tout en étant députés, ils pourraient affirmer que c’est bien dans la rue et dans les entreprises, par les manifestations et par la grève, que les travailleurs pourront faire reculer le gouvernement et le grand patronat. Ne pas le faire, se borner à vouloir mettre en valeur leur propre action parlementaire, en semant ainsi l’illusion qu’elle pourrait par elle-même faire échec aux volontés du pouvoir, c’est se prêter eux aussi à une diversion. Heureusement, elle n’empêche pas les travailleurs de descendre dans la rue.