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Russie-Ukraine : une nouvelle étape dans la guerre
Les livraisons d’armes occidentales à l’Ukraine ont franchi un nouveau cap. Elles concernaient jusqu’alors surtout des munitions, des canons et des blindés légers, présentés comme des équipements défensifs.
Fin janvier, plusieurs grandes puissances ont annoncé qu’elles vont livrer à l’armée ukrainienne des chars lourds pouvant servir à des offensives.
Après avoir tergiversé, et négocié en coulisses une position plus ou moins commune qui masque mal des intérêts industriels et stratégiques divergents, les principaux États impérialistes ont franchi ce pas. Les États-Unis ont promis de livrer 31 de leurs chars Abrams, l’Allemagne, en liaison avec la Pologne, y va de quatrorze chars Leopard 2 et d’autres États qui disposent de chars Leopard parlent d’en fournir aussi. Quant au Royaume-Uni, il avait pris les devants en annonçant l’envoi de quatorze Challenger 2. Absents de la liste, les chars Leclerc semblent pâtir de ce que la France n’a pas trouvé autant de clients que ses rivaux auprès des armées européennes et du fait que les stocks sont faibles, même en France.
Les tractations autour des chars lourds réclamés par Zelensky ont fait la une des médias durant des semaines. Pour l’heure, leur résultat relève surtout d’un effet d’annonce, Washington signalant qu’il ne pourra rien livrer avant 2024. Berlin, lui, dit que six mois au moins sont nécessaires pour préparer les tanks promis et former des équipages, et le son de cloche est le même du côté de Londres.
Quant à ceux qui se présentent comme des experts en questions stratégiques, ils précisent que, sur le terrain, des chars lourds ne peuvent faire la différence que s’ils disposent d’une couverture aérienne suffisante, ce qui est loin d’être le cas de l’Ukraine.
Zelensky demande donc dans la foulée que l’OTAN lui fournisse des avions de chasse, à quoi Biden rétorque, tout comme le chancelier Scholz, qu’il n’en est pas question. Macron, lui, voit là un créneau, et déclare « ne rien exclure ». Peut-être rêve-t-il de damner le pion à la concurrence en casant quelques Rafale en Ukraine ?
Sous différentes formes, et même si c’est à plus longue échéance que ne le laissent penser les communiqués officiels, les armements déployés en Ukraine vont donc croître en volume et en puissance destructrice. Cela s’inscrit dans un conflit parti pour durer, en tout cas les grandes puissances s’y emploient, et cela coûtera de plus en plus cher aux populations.
En Ukraine d’abord, les civils sont les principales victimes de la guerre entre l’OTAN et la Russie.
En Russie, Poutine exige aussi de sa population qu’elle se serre toujours plus la ceinture et lui fournisse de la chair à canon. En fait, les populations de toutes les parties prenantes sont concernées. Car leurs dirigeants vont vouloir imposer toujours plus de sacrifices à leurs classes laborieuses du fait de ce conflit, même lorsqu’ils prétendent ne pas vouloir faire la guerre à la Russie, comme l’ont encore dit Macron et Scholz. Qu’ils soient livrés à l’Ukraine ou qu’ils aillent gonfler l’arsenal militaire du pays producteur, chaque Leopard 2 allemand coûte environ 5 millions d’euros ; un canon français Caesar à peu près autant ; les missiles américains Patriot coûtent 3 à 4 millions d’euros l’unité… Au total, il y en a pour des centaines de milliards de dollars ou d’euros que les États soustrairont au budget des dépenses utiles à la population. De plus cette guerre leur sert déjà de prétexte à militariser les consciences et à préparer les peuples à marcher au pas.
Dans la guerre en Ukraine, jusqu’où les uns et les autres comptent-ils aller demain ? Les États-Unis, la France, l’Allemagne, la Grande-Bretagne et leurs alliés disent tous vouloir éviter l’escalade. Mais cette guerre leur permet de faire exploser leurs budgets militaires. Les fournitures d’armements contre la Russie franchissent ainsi de nouveaux paliers, tendant encore plus la situation en direction d’une guerre généralisée.