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- Lutte ouvrière n°2844
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Editorial
Après le succès du 31 janvier, : la lutte continue
Après les grèves et les manifestations massives du 31 janvier, la pression doit encore monter sur le gouvernement et le grand patronat. Cela dépend de tous les travailleurs.
Quels que soient les métiers, les statuts et les secteurs professionnels, le mécontentement est général. Le 19 janvier et le 31, il s’est exprimé à l’échelle du pays, dans le privé comme dans le public, dans les petites entreprises comme dans les grandes.
Le recul de l’âge de la retraite n’est qu’un aspect de ce rejet. Les salaires restent au centre de toutes les préoccupations. Malgré la flambée des prix, plus de 12 % pour les produits alimentaires, les augmentations salariales dépassent rarement les 4 %. Comment ne pas être écœuré quand on voit, dans le même temps, les profits crever les plafonds ?
Et puis, il y a, bien sûr, les conditions de travail. Partout, dans les usines, les bureaux, les hôpitaux… elles deviennent plus dures, avec du sous-effectif permanent, une flexibilité et une précarité de plus en plus grandes. Et aujourd’hui, Macron s’attaque aux retraites. Eh bien, la coupe est pleine !
Mais, puisque cette attaque des retraites concerne tous les travailleurs, elle leur permet d’exprimer leur avis d’une même voix. Le mouvement doit devenir un véritable mouvement d’ensemble, autour de leurs exigences communes.
Le bras de fer sur les retraites pose les problèmes fondamentaux du monde du travail. À qui doivent profiter les richesses que nous contribuons tous à créer ? À ceux qui nous exploitent au prétexte qu’ils ont apporté les capitaux ? À une poignée de milliardaires prêts, avec le gouvernement, à pourrir la vie de millions de travailleurs en leur volant une partie de leur retraite pour accumuler quelques milliards de plus ? Il ne faut pas l’accepter !
Où allons-nous si nous continuons de nous plier aux diktats des politiciens et de la bourgeoisie qui dirigent aujourd’hui ? Que ce soit sur le plan économique ou politique, toute la société évolue dans un sens catastrophique.
La recherche du profit, la concurrence et la spéculation agissent comme des rouleaux compresseurs, provoquant le saccage des services publics et toujours plus de crises.
Plus grave encore, il y a les bruits de bottes qui se rapprochent avec l’escalade guerrière en cours en Ukraine.
Il suffit de voir comment Macron veut passer en force sur les retraites pour comprendre qu’il ne nous demandera pas notre avis pour entrer en guerre. Et pour acheter des missiles, des chars d’assaut et des avions de combat, il ne manquera pas d’argent. Le gouvernement a déjà porté le budget militaire à 413 milliards, soit 100 milliards de plus sur sept ans ! S’il y a la guerre, le gouvernement ne nous volera pas seulement deux ans de retraite, il volera les 20 ans de la jeunesse qu’il enverra au combat.
Plus d’injustice, plus d’inégalités, plus de guerres, voilà ce que les capitalistes et leurs serviteurs politiques nous réservent, à nous et à nos enfants !
La voie à suivre est là, devant nous. Elle consiste à reprendre le chemin de la lutte collective et de la solidarité ouvrière. Elle est de se battre pour que la société ne soit plus gouvernée par les intérêts des capitalistes, l’exploitation, la guerre économique et la suprématie de quelques-uns sur le monde entier.
Il n’est jamais facile de se lancer dans le combat, surtout dans un combat dont on sait qu’il sera long. Car il ne suffira pas d’un ou deux jours de manifestations : le seul moyen de faire reculer le gouvernement est de le confronter à des grèves qui se multiplient et deviennent contagieuses.
Les 19 et 31 janvier, des centaines de milliers de travailleurs ont découvert ou redécouvert la force du nombre et l’unité du monde du travail. Plus ils continueront à manifester nombreux et à faire grève, plus ils reprendront confiance dans leurs forces, et plus le camp des travailleurs gagnera en combativité et en détermination.
Au soir du 31, les confédérations syndicales ont annoncé de nouvelles journées de mobilisation les 7 et 11 février. Et des syndicats, dans plusieurs secteurs, appellent à des grèves reconductibles. Il faut que le mouvement se développe pour espérer renverser le rapport de force.
C’est à tous les travailleurs de faire vivre la mobilisation, d’apprendre à l’organiser et à la contrôler. Une chose est sûre, pour l’emporter, il faut réussir à mettre toutes les forces de la classe ouvrière dans ce combat. Ensemble, montrons au gouvernement et au patronat que nous pouvons, nous aussi, mener la lutte de classe, mettre cette réforme en échec et nous faire respecter !