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Dans le monde
Pelé : icône du ballon rond… et du football-business
La mort, le 29 décembre, de Pelé, considéré par beaucoup comme le meilleur joueur de football de l’histoire, a donné lieu à trois jours de deuil national au Brésil et à un déferlement d’hommages. Si beaucoup gardent en mémoire ses exploits, aux yeux des Biden, des Poutine et des Macron, unis pour l’occasion, Pelé était un symbole pouvant alimenter le sport-business.
La vie de celui qui grandit dans une famille ouvrière d’une petite ville du nord de Rio et gagna trois coupes du monde illustre en effet comment l’économie capitaliste et ses dirigeants politiques entrent en symbiose avec le football de haut niveau. À la fin des années 1960, les chefs de la dictature militaire brésilienne utilisèrent l’image de Pelé et la victoire de leur pays lors de la coupe du monde de 1970, dont il fut l’artisan, comme une arme diplomatique. Il s’agissait en particulier de faire taire les critiques, à l’intérieur du pays comme à l’extérieur, notamment à propos de la torture des opposants politiques. Le Qatar aujourd’hui n’a rien inventé.
Comme de nombreux autres sportifs à la retraite, le roi du ballon rond connut ensuite une carrière diplomatique à l’ONU et fut aussi nommé ministre des Sports entre 1995 et 1998 dans le gouvernement brésilien. Parallèlement, il ne cessa d’apparaître dans un multitude de campagnes publicitaires, à l’instar de la plupart des stars du foot. Il fut aussi constamment mis en avant pour assurer la promotion des évènements organisés par la puissante fédération internationale de football, la FIFA. Ainsi, il n’eut de cesse de mettre en avant la beauté du jeu et la fête populaire que les Coupes du monde sont censées être, pas gêné par les profits scandaleux des sponsors et des marchands de béton. Pelé n’hésita d’ailleurs pas à fustiger ceux qui dénonçaient cette réalité.
Mais, au fond, Pelé ne fut qu’une voix qui ne se distinguait pas des autres dans le concert des promoteurs du foot-business. L’économie du football représente un chiffre d’affaires annuel qui avoisine les 400 milliards de dollars. Si la FIFA y joue le rôle de distributeur en chef des contrats, moyennant pots-de-vin et étroites connivences politiques, ses véritables bénéficiaires sont les actionnaires de Nike, Coca-Cola, Sony, mais aussi Bouygues et Vinci. À un autre niveau, les liens noués autour du football dépassent parfois largement ces sponsors, comme on l’a vu avec les voyages d’affaires de Macron au Qatar lors de ce dernier mondial. Ils constituent un des canaux par lesquels se tissent des relations diplomatiques qui, dans cette période, débouchent parfois sur des ventes d’armes. On est loin de la beauté des passements de jambe d’un Pelé.