La Poste : timbre rouge supprimé, emplois menacés28/12/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/12/2839.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

La Poste : timbre rouge supprimé, emplois menacés

À partir du 1er janvier prochain, La Poste allonge ses délais de distribution du courrier. La mesure la plus visible en est la disparition du timbre rouge, qui garantissait en théorie l’arrivée des lettres le lendemain. Mais ce n’est qu’un aspect d’une réorganisation dont l’objectif est de supprimer massivement du personnel.

La lettre verte, qui constitue l’immense majorité du courrier, prendra elle aussi du retard. Elle sera distribuée trois jours après avoir été déposée dans la boîte à lettres, au lieu de deux actuellement. Encore ne s’agit-il là que de délais théoriques, bien souvent dépassés vu le manque de personnel à tous les échelons, qu’il s’agisse des centres de tri, du transport ou des facteurs qui font la distribution finale.

Pour ne pas avoir l’air d’abandonner totalement la distribution du courrier le lendemain, La Poste a inventé une usine à gaz, la lettre rouge en ligne. Le courrier pourra être rédigé sur internet chez soi ou dans un local de La Poste, puis envoyé à un site proche du lieu de destination, où La Poste se chargera de l’imprimer et de le distribuer. Ceux qui utilisent les lettres n’étant en général pas des fanatiques d’Internet, ce procédé devrait rapidement éliminer la distribution du lendemain.

Pour justifier ces changements, La Poste met en avant des arguments écologiques. La suppression du timbre rouge entraînerait la réduction sur les routes du nombre de véhicules postaux pas entièrement remplis. Il ne s’agit là que d’un mauvais prétexte, déjà utilisé lors de la création du timbre vert en 2011 (d’où sa couleur).

La véritable raison est que ces délais d’acheminement retardés ne nécessiteront plus le passage quotidien du facteur partout six jours sur sept. En 2023, la distribution un jour sur deux de chaque boîte à lettres sera testée dans 70 centres, pour être généralisée ensuite. Lorsque cela sera réalisé, cette nouvelle organisation aura permis la suppression de 20 000 des 70 000 agents qui traitent le courrier. Des milliers d’emplois auront aussi été rabotés dans les centres de tri, notamment dans les services de nuit, ainsi que dans les services de transport.

Cette destruction des services postaux se fait sous l’égide du gouvernement. La Poste, société anonyme à capitaux publics, traîne comme un boulet l’obligation de distribuer le courrier tous les jours en tous les points du territoire, ce que l’on appelle le service public universel, et l’État la finance pour cela. C’est le lointain héritage de l’époque où La Poste était un service public. En juillet 2021, Jean Castex, alors Premier ministre, avait évalué le coût de ce service à 500 millions d’euros par an pendant trois ans, tout en demandant à La Poste de trouver des solutions pour diminuer la dépense. C’est ce qu’elle fait aujourd’hui. La direction de La Poste lorgne sur des activités beaucoup plus rentables que la distribution des lettres : la banque, l’assurance, les colis, la logistique pour laquelle elle vient de créer une branche à part, Log’issimo.

Les postiers sont encore près de 200 000 et représentent une force qui peut pleinement s’opposer aux suppressions d’emplois et à la dégradation des conditions de travail qu’impliquent les plans de leur direction. Et nul ne doute que, dans ce combat, ils auraient le soutien des usagers.

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