- Accueil
- Lutte ouvrière n°2838
- Voyage présidentiel au Qatar : pour l’amour du foot… et du fric !
Leur société
Voyage présidentiel au Qatar : pour l’amour du foot… et du fric !
Présent à Doha, Macron a balayé les critiques adressées au Qatar, en félicitant l’émirat, qui « organise très bien cette Coupe du monde ». « Ne mégotons pas sur notre plaisir », a-t-il ajouté.
C’est que Macron fait son travail de représentant de commerce des capitalistes français. Ces derniers mois, associations et médias ont critiqué, à juste titre, l’homophobie du Qatar, le peu de cas qu’il fait de l’environnement, ou encore l’exploitation féroce, souvent mortelle, des ouvriers qui ont construit les stades et les infrastructures du Mondial. Mais les bonnes affaires des entreprises françaises dans l’émirat n’ont pas tant alimenté la chronique. Pourtant, si peu de chiffres filtrent, tout laisse penser qu’elles ont touché le pactole.
Et quel pactole… Alors qu’en 2018, la Russie avait dépensé 14 milliards de dollars pour organiser le Mondial, le Qatar en aurait investi 220 milliards. Le géant du BTP Vinci, dont une filiale a mené de nombreux chantiers à Doha et dans la ville nouvelle de Lusail, est aujourd’hui mis en examen pour pratiques esclavagistes. La firme aurait confisqué le passeport des travailleurs étrangers qu’elle embauchait, les aurait payés entre 0,50 et 2 euros de l’heure, tout en les menaçant de licenciement ou d’expulsion en cas de protestation. Le dossier d’instruction contient des témoignages concernant les conditions inhumaines réservées aux ouvriers. Bouygues, qui a construit un immense complexe urbain avec tours de bureaux, hôtel et centre commercial, et Eiffage ont également profité de la manne qatarie.
Un consortium RATP-Keolis a obtenu l’exploitation du métro de Doha, et Alstom la construction du tramway de Lusail. La plupart des quelque 200 avions de la flotte de Qatar Airways ont été achetés auprès d’Airbus, malgré le conflit commercial qui oppose depuis peu les deux firmes. Les groupes de luxe LVMH, Kering et Hermès ne sont pas en reste.
Le trophée en or de la Coupe du monde a pour écrin une malle recouverte de titane fabriquée par Louis Vuitton, un des sponsors du Mondial 2022, tandis qu’une publicité montrant Messi et Ronaldo jouant ensemble aux échecs sur une valise de la marque a été largement diffusée.
TotalEnergies est également présent, avec des contrats en vue du développement de North Field, le plus important champ gazier au monde, qui serait riche de quelque 10 % des réserves mondiales connues.
Enfin, au cours de la période 2012-2021, le Qatar a été le 3e pays acheteur d’armes françaises au monde, avec un total de 11,1 milliards d’euros. Ainsi, en 2015 et en 2017, Dassault a vendu 36 avions Rafale pour six milliards d’euros, avec une option pour 36 autres.
En 2010, c’est grâce à Sarkozy que le Qatar avait décroché l’organisation du Mondial 2022. Une histoire d’amour commençait entre les rois du pétrole et du gaz et les capitalistes français, concrétisée par l’achat du PSG par le Qatar, en 2012. Cette relation s’est poursuivie sous les bons offices de Hollande puis de Macron. Cela vaut bien les quelques lauriers tressés à l’émirat. Pour l’amour du foot, bien sûr…