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Dans le monde
Biodiversité : un sommet de vœux pieux
Réunis à Montréal, au Canada, pour discuter de la façon d’enrayer la chute de la biodiversité sur la planète, les représentants des gouvernements de 195 pays, plus l’Union européenne, se sont séparés en promettant de prendre des mesures.
Ces dirigeants se sont bien gardés de prévoir les moyens d’imposer le respect de ces promesses. Au rythme accéléré auquel disparaissent ou sont mises en danger les espèces vivantes, terrestres ou aquatiques, il y a de quoi être inquiet pour l’avenir. Parmi les 23 mesures ayant fait l’objet d’un accord à Montréal, figure l’ambition de placer sous un niveau minimum de protection au moins 30 % de la planète d’ici 2030. Sans grands moyens, et surtout sans mesures de contrainte pour les mettre en œuvre, ces 23 mesures risquent fort d’enrichir la longue liste des vœux pieux.
De l’avis unanime des gouvernements participants à cette conférence, les précédents engagements pris en 2010 à Aïchi au Japon pour protéger la biodiversité à l’horizon 2020, ont été un échec. Elle subit le même sort que le climat : les conférences s’enchaînent, les promesses s’accumulent, et tout va de mal en pis.
Sur le papier l’aide aux pays en développement pour protéger leurs espaces naturels devrait doubler d’ici 2025 avec 20 milliards de dollars et tripler en 2030 pour atteindre 30 milliards annuels. Or, selon le commissaire européen à l’Environnement, « il sera probablement très difficile d’atteindre un tel montant », pourtant très faible au regard des dépenses d’armement des États.
Quant à la promesse de réduire de moitié les risques liés aux pesticides, qui font des ravages parmi les insectes, on peut être certain que la France s’assoira dessus. Le ministre de l’Agriculture s’apprête à accorder une nouvelle dérogation aux entreprises qui commercialisent du sucre de betterave, dont la France est le deuxième producteur mondial. Elles pourront continuer à utiliser des pesticides « tueurs d’abeilles » à base de néonicotinoïdes l’été prochain, sept ans après le vote d’une loi censée les interdire.
La signature de documents sur la protection de la nature, accompagnée de beaux discours devant des assemblées, n’empêche en rien l’aide des États aux plus grandes entreprises pollueuses. Les gouvernements sont bien plus engagés dans la préservation des profits que dans celle des espèces.