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Leur société
Prime carburant : les profiteurs bien protégés
« Je parle des gros bosseurs, parce qu’[elle] vise à accompagner ceux qui travaillent, qui se lèvent, qui prennent leur voiture pour aller travailler » , avait déclaré le ministre du Budget, Gabriel Attal, fin octobre, pour présenter les bénéficiaires de la prime de 100 euros sur les carburants, mise en place à partir du 1er janvier.
À l’aumône, s’ajoute une petite opération de division bien dans l’esprit du gouvernement.
La remise de 10 centimes d’euros par litre de carburant, en place à partir du 16 novembre, dont tous les automobilistes profitaient, va donc être supprimée. Une prime de 100 euros versée en une fois la remplacera, ce qui reste bien sûr dérisoire. D’après les chiffres fournis par le gouvernement lui-même, pour un automobiliste qui parcourt en moyenne 32 kilomètres par jour, cela représente une ristourne de 10 centimes par litre sur l’année. C’est équivalent à la ristourne actuelle, qui n’a allégé qu’à la marge le fardeau du prix des carburants pour les familles populaires.
Le gouvernement persiste dans sa politique de la petite pièce qu’on abandonne par charité. C’est bien sûr de la poudre aux yeux. Mais, cette fois, il ajoute une perfidie à la supercherie. Dix millions de salariés seulement, sur les quelque vingt millions que compte le pays, seront éligibles à la prime à partir de critères fiscaux. Les chômeurs, les retraités, les handicapés ne pouvant travailler mais se déplaçant en voiture, n’auront rien. Le gouvernement utilise la prime carburant comme occasion de diviser la population en apportant du carburant à sa démagogie anti-chômeurs. « Si tu es un gros bosseur, tu auras une récompense », ose assumer le gouvernement par la bouche de son ministre du Budget.
La prime sélective de 100 euros coûtera autour de 1,5 milliard d’euros, contre un coût de 7 milliards pour les aides à la pompe pour tous. Le gouvernement ne dissimule pas que son objectif est de diminuer les aides, pour économiser. Pour comparaison, TotalEnergies a engrangé 12 milliards d’euros de profits sur les six premiers mois de l’année. Mais il n’est pas question de brider le groupe pétrolier dans son appétit de profits, car le mot d’ordre du gouvernement est sans surprise : pas touche aux gros profiteurs !