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Leur société
Éoliennes : moulins à vent et à profits
Depuis le 5 décembre les députés examinent un projet de Loi sur les énergies renouvelables. Il vise à faciliter l’installation d’éoliennes et de panneaux solaires pour permettre de faire passer, d’ici quelques décennies, de 20 à 40 % la part d’énergies dites renouvelables dans la consommation du pays.
Alors que la gauche avait jusque-là systématiquement voté contre le gouvernement, le contraignant à s’appuyer sur la droite ou à utiliser le 49.3, Macron compte cette fois-ci sur le soutien des députés du PS, des écologistes, voire d’une partie de LFI.
Les députés de gauche se réjouissent de cette situation qui va leur permettre, disent-ils, de démontrer le sérieux de leur engagement écologique et leur sens de l’intérêt général, un vocabulaire qui, pour eux, a toujours été synonyme de ralliement au gouvernement en place. La droite et l’extrême droite en profitent, elles, pour défendre une conception de l’écologie d’une grande simplicité : « pas dans mon jardin ! » Quant au reste, rien ne leur semble plus beau qu’un terril, un barrage géant ou une centrale nucléaire pourvu qu’ils crachent du profit.
Ces péripéties ne doivent pas masquer l’habituel tour de passe-passe. Alors que l’humanité est confrontée à une crise écologique, au moment où même les gouvernements des pays riches annoncent des pénuries d’énergie, la préoccupation principale reste de faciliter les affaires de quelques capitalistes et cette loi n’annonce pas l’ombre d’une solution aux réels problèmes énergétiques. Même quand ils parlent d’énergies propres, la classe capitaliste et ses gouvernements se lancent les yeux fermés à la recherche du profit rapide, sans le moindre esprit de responsabilité. La seule certitude est que les États débloquent des crédits et que la nouvelle loi va faciliter les installations de champs d’éoliennes et de panneaux solaires, tout en privant les collectivités locales de tout droit de regard.
Comme pour les autres formes d’énergie, thermique, hydroélectrique ou nucléaire, l’État va pouvoir attribuer marchés et subventions loin des yeux du public. Les profits afflueront, ou pas, mais la population ne sera même pas certaine de pouvoir se chauffer et sera bien évidemment laissée dans l’ignorance des conséquences des choix étatiques. La facture lui sera toutefois présentée, comme il se doit.
À la demande du gouvernement, les parlementaires se préparent donc, comme c’est leur fonction, à adapter la loi aux besoins changeants du grand capital et, éventuellement, aux besoins particuliers de telle ou telle coterie patronale. Le fait qu’ils en profitent pour parler d’écologie, d’énergies renouvelables ou de sécurité énergétique n’est au fond qu’une question de mode.